Woolly Farms

   INDE

Web: woolly.io/

Localisation: Bengalore, Inde

Secteur: Agriculture

Date de rencontre: Juillet 2019

L’agriculture urbaine pour tous.

Aperçu

En Inde, le manque de régulation sur l’usage des pesticides et le faible niveau de qualification des agriculteurs mène à un usage excessif de ces produits, dangereux pour l’environnement et la santé humaine. Si la quantité épandue par hectare reste faible (0,3kg/ha/an en moyenne contre 2kg/ha/an en France) surtout pour des raisons d’accessibilité financière à ces produits, c’est la toxicité des molécules utilisées qui est surtout pointée du doigt. Des molécules rangées dans la plus haute catégorie de toxicité par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) et bannies en Union Européenne depuis plusieurs décennies, comme le monocrotophos interdit en 1991, sont encore largement utilisées et même synthétisées en Inde. Des empoisonnements mortels et les effets à long terme sur la santé sont régulièrement reportés par la presse, mais ces avertissements touchent surtout les populations urbaines lettrées.

« Bannir les pesticides de la table », c’est ce que souhaite Satyendra Prabhu, co-fondateur et directeur stratégique de la start up Woolly Farms, lancée en 2016 à Bangalore. Woolly Farms répond à deux défis : les pesticides donc, mais aussi l’autosuffisance des habitants des villes en légumes et herbes aromatiques, atteignable selon lui grâce à une judicieuse occupation de l’espace. Les terrasses sur les toits des immeubles sont en effet partout accessibles, mais l’on n’y installe guère plus que des réservoirs d’eau et des cordes à linge. Il s’agit de rendre accessibles, d’un point de vue économique et géographique, des produits qualités et sans pesticides.

Satyendra et son équipe se sont tournés vers l’installation de serres hydroponiques. Le contrôle du milieu de croissance réduit le risque de nuisibles et de maladies, donc les besoins en pesticides, tout en économisant les ressources en eau, puisqu’elle circule en boucle fermée. Cela permet aussi de produire tout au long de l’année. Après des essais concluants sur la laitue menés en décembre 2016-janvier 2017, dans leur première mini-serre de 19m² installée chez un particulier, ils ont pu vendre leurs premières laitues « vivantes » dans des pots en argile. Cela accroît leur délai de consommation à 2 semaines sans jamais perdre leur fraîcheur.  Les retours positifs reçus ont permis de passer à la phase de développement du réseau.

Leur objectif est de créer une communauté d’agriculteurs urbains connectés. Woolly progresse en ouvrant des hubs à travers Bangalore, autour desquels une communauté de mini-serres privées se développe. Un hub est composé d’une serre dédiée à l’apprentissage et à la production de plantules. Les hubs jouent aussi un rôle important de centralisation des données issues de ces fermes connectées, dans le cadre du développement d’une plateforme de deep learning (apprentissage approfondi automatisé) en open source. Son but est d’assurer un service d’agriculture de précision, d’analyse prédictive et de prévenir ces nouveaux cultivateurs urbains des opérations à réaliser. Enfin, le hub sert aussi de canal de distribution des surplus de récolte qui ne sont pas auto-consommés. Chaque jour, Woolly vend près de 800kg de légumes et herbes aromatiques.

En plus de ces communautés de particuliers, Woolly développe des fermes commerciales, sur les toits d’hôtels et supermarchés pour favoriser la consommation en circuit-court.
Woolly Farms est une entreprise sociale qui conçoit l’agriculture urbaine comme un service, depuis la conception et l’installation de la ferme jusqu’à la distribution. On peut considérer cela comme un troisième critère d’accessibilité, l’accessibilité technique. Comme nous l’explique Satyendra, « vendre une ferme » n’est pas efficace dans un contexte où la priorité est d’initier un changement en formant la population à l’agriculture urbaine. Woolly a d’ailleurs ouvert une serre dans une école, et compte bien en ouvrir d’autres.

Mentions légales

Copyright CirculAgronomie 2020