Rima Ninamu
FRANCE
Localisation: Tahiti, Polynésie française
Secteur: Agriculture
Date de création: projet lancé en 2012
Date de rencontre: Janvier 2018
Créateur de systèmes aquaponiques.
Aperçu
En 2012, Teanuanua Teriipaia-Rentier, jeune polynésien diplomé d’une licence en aquaculture, a créé son entreprise, Rima Ninamu, spécialisée dans la construction de systèmes aquaponiques essentiellement pour les particuliers, mais aussi pour les porteurs de projets et les écoles.
L’activité principale de l’entreprise est la construction sur mesure et l’installation de systèmes aquaponiques, mais elle s’est également focalisé durant 5 ans sur le développement d’intrants naturels pour mettre au point des systèmes productifs à bas coûts. Depuis 2017, l’entreprise donne également des formations pour apprendre toutes les techniques de l’aquaponie¹.
Par la suite, nous analyserons le fonctionnement des systèmes aquaponiques vendus ainsi que les techniques et intrants naturels développés par l’entreprise pour rendre ces systèmes optimaux, économiques et respectueux de l’environnement (nous n’analyserons donc pas l’entreprise en elle-même).
- 95% du revenu provient de la mise en place des systèmes aquaponiques.
- Approvisionnement durable
- Eco-conception
- Consommation responsable
fonctionnement du projet
1. Système aquaponique
Des intrants naturels pour combler les carences en minéraux des plantes :
Processus de fabrication des intrants :
- Les macérations consistent à laisser de la matière organique plusieurs jours ou semaines dans de l’eau afin d’obtenir un fertilisant.
Principe :
- phase anaérobie : dans un récipient on introduit de la matière organique (ici des algues, des bananes sans peau), puis on le remplit d’eau et le ferme hermétiquement avec un couvercle. On laisse macérer 2 semaines.
- phase aérobie : on récolte le jus, que l’on dilue au dixième et on ajoute un bullage. Après trois jour, la macération est prête à être utilisée.
Ces macérations sont ensuites administrées par pulvérisation sur les feuilles ou directement dans l’eau. La dilution au dixième est nécessaire pour ne pas brûler les feuilles. Les résidus de végétaux utilisés pour la macération (restes d’algues, de bananes…) sont à la fin utilisés pour faire du compost.
Le lombricompostage : cette technique consiste à obtenir du compost (appelé lombricompost) à partir de la décomposition de matière organique par des lombrics. Ici l’entreprise fournit aux lombrics du matériel végétal (déchets verts). Ces derniers s’en nourrissent et produisent des déjections. Le processus se faisant dans un endroit ayant un fort taux d’humidité, il en résulte un jus enrichit par cette décomposition qui coule à travers le matériel végétal et est récupéré pour être utilisé comme fertilisant.
Origines des matières premières :
Algues : disponibles toute l’année gratuitement sur les plages de Tahiti. Les algues sont des espèces invasives, leurs utilisation en aquaponie est donc bénéfique pour l’environnement.
Lombrics : importés de Nouvelle Zélande, mais comme c’est une espèce qui se reproduit vite, il suffit d’en importer une petite quantité une seule fois pour démarrer.
Graines des plantes : fournisseur de graines biologiques.
Les plantes et les poissons produits :
Ces systèmes permettent de produire plutôt des plantes vertes, tel que des salades, des choux chinois et des aromates.
Les poissons élevés sont des tilapias sunfish, une espèce robuste qui se reproduit facilement. Les nouveaux nés passent d’abord par la nurserie pour croître et rejoindre le système aquaponique.
Alimentation des poissons :
Les poissons sont nourris avec de l’aliment à poisson acheté dans le commerce. Les systèmes aquaponiques sont équipés de nourrisseurs automatiques permettant un nourrissage le matin et le soir. La quantité d’aliment distribué dépend de la masse des poissons, mais correspond toujours à 5% de leur biomasse.
Les intrants pour lutter contre les maladies :
Chaque technique ou intrant n’est utilisé qu’en prévention des maladies et ravageurs, et sont administrés par pulvérisations foliaires.
2. Les formations
L’entreprise forme également chaque client aux bases de l’aquaponie et aux principes de base de l’utilisation des systèmes aquaponiques. Des formations sur plusieurs semaines sont également dispensée par l’entreprises et ouvertes à tous.
approche de développement durable
- l’aquaponie est un système permettant le recyclage des effluents d’élevage, évitant ainsi leur rejet dans l’environnement
- en aquaponie traditionnelle, il est courant d’ajouter des d’additifs chimiques industriels. ce système n’en utilise pas ce qui est meilleur pour l’environnement
- utilisation des algues présentent sur les côtes de Tahiti, permettant ainsi de réduire leur invasion
- absence d’achat d’additifs pour pallier les carences en minéraux,
- le Tilapia sunfish est une espèce peu cher à produire,
- peu de main d’œuvre nécessaire à l’entretien d’un système mais aussi surtout pour des grandes surfaces (une personne peut couvrir 1600 mètres carrés/j)
- beaucoup de rotation des cultures donc bon rendements.
- permet aux bénéficiaire du système d’avoir une production alimentaire propre, et d’assurer ainsi une sécurité alimentaire et même de pouvoir engendrer un revenu par la ventes des légumes et poissons
- Rima Ninamu installe également des systèmes aquaponiques au seins de collèges et lycée servant comme support pédagogique à la découverte et la compréhension de l’aquaponie
Reproductibilité & perspectives d'évolution
L’aquaponie à Tahiti se fait en structure couverte ou en serre avec beaucoup d’aérations à cause des fortes températures. Le système est reproductible tel quel pour des pays ayant les mêmes conditions climatiques.
De manière générale, l’aquaponie se répand de plus en plus à travers le monde, et avec quelques adaptations, le système est reproductible n’importe où!
- production de plantes à fruits difficiles car très technique et car l’eau est trop carencée en potassium,
- l’aquaculture n’a malheureusement pas beaucoup de débouchés à Tahiti pour l’instant
- l’un des challenge à Tahiti : la température (il faut constamment essayer d’avoir de faibles température pour le bien être des poissons).
- un tel système ne peut engendrer un salaire qu’à partir d’une surface d’exploitation de 200 mètre carré, donc ne permet à aux particuliers d’en vivre pleinement
L’aliment utilisé pour nourrir les poissons est ce qui coûte le plus dans le fonctionnement d’un système aquaponique, c’est pourquoi Rima Ninamu mène de la R&D pour développer sa production de mouches comme alternative d’aliment pour les poissons. En juillet 2018, l’entreprise lancera sa production de black soldier fly (Hermetias illuans) (avec valorisation de tourteau de copra) pour nourrir les poissons des systèmes aquaponiques.
Elle lancera également sa propre ferme aquaponique sur 200 m² à Pirae (île de Tahiti).
Pour finir, l’entreprise est également en phase d’acquisition pour lancer une écloserie de crabes des mangroves.
- Aquaponie¹ = technique combinant élevage de poissons et culture de plantes en hydroponie. Ce système est un circuit fermé, où des cycles bactériens naturels permettent de transformer les rejets des poissons dans l’eau en nutriments assimilables par les plantes.
- Chélate de fer² = association entre du fer et des substances humiques ou argileuses. Cette association permet une meilleure assimilation du fer par la plante. La chélation est le processus permettant de rendre le fer assimilable par un organisme.
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