FRANCE
Web : https://pousse-pousse.com/
Contact : Grégoire Baissas de Chastenet, co-fondateur de Pousse Pousse
Localisation : Perpignan
Secteur : Vente et services
Date de création : 2017 (kit jardinage) – mai 2018 (box)
Date de rencontre : 25 Juin 2020
Maturité du projet : Après 3 ans d’existence, le projet est bien rodé, mais il reste du développement à faire pour continuer à accroître la notoriété de la marque (notamment sur les réseaux sociaux), en parallèle du développement de l’offre. En juin 2020 ils étaient 7, après avoir commencé à 3, et cherchaient à recruter.
Une box zéro déchet ludique et écolonomique.
Du jardinage au zéro déchet
Porté par 3 amis d’enfance, Grégoire, Louis et Romain, Pousse Pousse est un projet qui a tout d’abord à cœur de rapprocher de la nature les citadins en manque de verdure. Naît alors en 2017, le « Haut-Potager », un premier concept de jardinière écologique, esthétique et surtout autonome. La jardinière est sélectionnée pour participer au Web Summit de Lisbonne de la même année et retient l’attention de nombreux investisseurs. Ce qui ressort : le potentiel des kits et le chemin vers le zéro déchet, tout cela de manière ludique.
Le projet évoluera ainsi en box mensuelle Pousse Pousse, démocratisant le jardinage sans se prendre le chou. Après avoir inventé un premier contenant innovant avec la jardinière, les 3 amis veulent désormais proposer un contenu de qualité livré chaque mois dans une box brandée Pousse Pousse.
Un sondage sur l’avis des abonnés à propos des box de jardinage les oriente ensuite à l’été 2019 vers une box contenant un kit DIY (Do It Yourself) de produits d’entretiens. Le concept a beaucoup plu, ce qui a contribué à transformer l’offre des box davantage vers le zéro déchet, au-delà du jardinage.
– 50 000 abonnés sur Instagram
– Jusqu’à 6 produits dans une box
– 7 employés
– Chiffre d’affaires : autour de 400 000€ en 2019
Chez Pousse Pousse, une sélection drastique s’applique sur les fournisseurs (beaucoup de contrôles, notamment sur les produits finis provenant de l’étranger). Les produits achetés sont sélectionnés pour avoir si possible et au maximum la certification biologique et une origine française ou espagnole (100% des fournisseurs sont français, 80% des matières premières sont d’origine française et 100% des matières premières des kits DIY sont françaises). Sur les produits étrangers, des conditions décentes sont exigées, pas de cultures intensives, une majorité d’arrivage par train, etc. mais ils n’ont pas encore de charte d’achat.
Au niveau du type de matières premières, Pousse Pousse a également fait le choix de matières recyclées pour certains produits (utilisation de géotextile fabriqué à partir de bouteilles recyclées pour les jardinières).
Une démarche de réduction des emballages des fournisseurs a également été mise en place sur des produits d’entretien (demande des produits en vrac et non suremballés au fournisseur)
Le choix des produits est ainsi orienté vers un respect de l’environnement, mais également des hommes, un exemple serait le choix du partenariat avec Ohlala Paris qui emploie des handicapés pour fournir le tissu en coton destiné aux beeswrap.
On se place ici non pas au niveau d’un seul produit mais de toutes les box où l’impact environnemental est observé à toutes les étapes du cycle de vie des produits qui constituent les box.
Les produits sont choisis à la source pour être plus durables (cf approvisionnement durable)
Au niveau de la transformation, l’éco-conception a été importante pour les kits DIY. Dans le choix des ingrédients, il fallait éliminer le surplus de produits chimiques, réduire le nombre de différents ingrédients, adopter des produits naturels et non nocifs pour l’environnement. Dans les recettes, sont présentes essentiellement des matières actives et c’est le consommateur qui ajoute l’eau (évite un transport et stockage de l’eau, ex du kit lessive). Au niveau des emballages, le but est de supprimer le plastique, privilégier la réutilisation avec le contenant qui devient le contenu du produit fini assemblé par l’abonné (ex du baume à lèvres)
Dans l’emballage, il a été choisi de ne pas floquer les box pour qu’elles soient réutilisables en carton de seconde main (emballage vinted par exemple), avec la sensibilisation appropriée des abonnés.
Le bilan carbone du transport est compensé grâce à des partenaires.
La réflexion s’est également portée sur la fin de vie des produits, avec le choix de produits/ emballages au maximum recyclables et au mieux biodégradables ou compostables.
Les abonnés font le choix d’une consommation plus écologique avec les box Pousse Pousse. Pousse Pousse sollicite l’engagement des abonnés en leur faisant passer le pas grâce à la simplicité et au côté ludique des box.
Chaque box mensuelle se veut ludique et simple, pour permettre aux abonnés d’accéder au zéro déchet sans se prendre la tête.
Les box contiennent jusqu’à 5-6 produits différents avec au moins un kit DIY.
Les thématiques des box varient entre jardinage, cosmétique, entretien, cuisine, salle de bain, au gré des saisons et des envies. Une nouvelle thématique émerge chaque mois, et peut même suivre la réglementation : dans la box de janvier 2020 figurait des couverts en bambou, en prévention de l’interdiction des plastiques à usage unique.
Le profil type des abonnés correspond à des clients de sexe féminin, habitant dans une grande agglomération et ayant entre 25 et 35 ans.
Pousse Pousse possède de nombreux fournisseurs différents pour répondre à leurs besoins : 3-4 fournisseurs de Matières Premières (100% des fournisseurs et 80% des matières premières sont français), 3 fournisseurs de contenants, plusieurs d’emballages, 3-4 fournisseurs de produits finis, 2 cartonniers.
Une attention importante est portée à la qualité des produits fournis (notamment au niveau écologique), biologiques quand cela est possible, de proximité avec des produits français ou espagnols (ils ont préférés le sel d’Epsom de Madrid plutôt que celui du nord de la France par exemple), etc. Cette partie est davantage développée dans le paragraphe du pilier Approvisionnement durable de l’économie circulaire.
Ces choix constituent des contraintes supplémentaires, dont le surcoût est répercuté sur le prix de la box, mais restent en accord avec les valeurs de l’entreprise et de son offre produit.
Dans l’esprit de la boîte innovante, les box sont pensées pour être en réponse au besoin réel des abonnés au niveau des différents produits (éliminer le surplus de produits chimiques, de plastique, etc.). La R&D des recettes DIY doit également répondre à l’envie de changement des consommateurs, grâce à la pédagogie et au côté ludique, sans rendre l’activité trop chronophage, au risque de démotiver les abonnés.
La R&D choisit donc un nombre restreint de matières actives avec une quantité pré-définie pour envoyer aux abonnés un kit efficace.
Pour répondre aux besoins des consommateurs qui n’auraient pas forcément le temps et la motivation de réaliser eux-mêmes leurs produits de manière répétée (avec la complaisance d’une seule expérience DIY, juste pour le côté ludique et rassurant), Pousse Pousse souhaite également développer son offre de produits finis. Cela en utilisant son expertise sur les recettes et en conservant l’élimination du plastique et des substances chimiques.
Les abonnements proposés sont mensuels, trimestriel ou semestriel (avec un petit cadeau), à 19,90€/mois la box.
Il est proposé aux clients de s’abonner pour soi ou d’offrir les box, un système qui marche très bien notamment à noël où sont achetés 50% des cartes cadeaux de l’année.
Avec une valeur moyenne de 40€ dans le commerce, chaque box est un avantage économique pour les abonnés.
La majorité du chiffre d’affaire de Pousse Pousse porte sur les abonnements mais ils aimeraient davantage développer la boutique en ligne.
En raison d’un coût souvent plus élevé du kit que du produit fini, certains kits sont proposés en miniature dans la box comme test et peuvent être achetés en grand sur la plateforme si l’abonné est convaincu.
Pousse Pousse est une start-up avec de nombreux concurrents dans le secteur du zéro déchet, son avantage : centraliser tous les produits sous un même nom de marque Pousse Pousse et développer des box ludiques pour attirer les consommateurs.
Dans l’air du temps, les réseaux sociaux constituent une vitrine et c’est un axe de développement majeur pour cette marque (ils comptent plus de 50 000 abonnés sur instagram).
Ils ont 4 leviers d’activation client (les 2 premiers plus traditionnels, les deux derniers plus actuels) :
– Mailing et newsletter
– Bouche à oreille et satisfaction client sur leur site internet grâce aux avis Trustpilot
– Ils engagent 20-30 influenceurs / mois pour donner de la visibilité à la marque, par une rémunération ou en leur offrant une box
– Publicité sur les réseaux sociaux : le meilleur levier d’acquisition client, avec une acquisition importante lors des marronniers, notamment en décembre avec l’arrivée des fêtes de fin d’année.
Pousse Pousse est fondamentalement engagé pour le développement durable et pour l’environnement.
Pour compenser le bilan carbone du transport des box à travers la France, qui constitue une source d’émissions négatives pour l’environnement (à l’inverse d’une distribution locale), Pousse Pousse a réalisé un partenariat avec « Tree-Nation », organisme qui plante un arbre pour chaque box envoyée. Ils compensent également le dernier km de transport avec La Poste.
Pousse Pousse est membre de 1% for the Planet, ce qui signifie que l’entreprise donne 1% de son chiffre d’affaires à des associations contribuant à la préservation de l’environnement.
Le site internet de Pousse Pousse est labellisé Site web CO2 neutre, pour compenser les émissions émises par son utilisation.
Plus généralement, Pousse Pousse est engagé dans sa démarche d’approvisionnement mais également dans sa conception où tout est pensé autour des produits, des recettes, du conditionnement pour être plus respectueux de la planète (cf paragraphe approvisionnement durable et éco-conception des piliers de l’économie circulaire).
Pour les abonnés recevant les box, il y a un avantage économique à choisir une box dont le prix est la moitié de la valeur sur le marché.
Dès le lancement des box, Pousse Pousse collaborait avec l’ESAT (Etablissement et Service d’Aide par le Travail) de Perpignan qui compte une trentaine d’employés handicapés. Avant d’atteindre les 1800 box par mois, 100% de l’assemblage était assuré par eux. Au-delà, la préparation et la trésorerie qui aurait dû être avancée pour assurer tout ce volume était trop importante. Aujourd’hui l’ESAT participe à hauteur de 40% des interventions sur les produits. Avec l’augmentation des abonnements, ce pourcentage semble néanmoins destiné à être réduit au fur et à mesure du développement de Pousse Pousse, le reste étant géré par leur logisticien espagnol.
Les 3 fondateurs de la start-up sont fortement complémentaires (gestion de l’offre et des achats + communication, logistique + SAV + BtoB, stratégie et finance de l’entreprise), assurant ainsi la réussite de l’aventure entrepreneuriale en couvrant toutes les dimensions importantes de la gestion d’une entreprise.
Grâce à trois investisseurs, la start-up a pu croître et augmenter sa visibilité avant d’être rentable, dans le but d’atteindre à termes des économies d’échelle. Cet investissement initial a donc été nécessaire pour atteindre la rentabilité à terme et assurer le développement de Pousse Pousse.
L’objectif de Pousse Pousse est de gagner davantage en notoriété pour augmenter ses volumes tout en gardant en qualité, dans une démarche écoresponsable.
Ils souhaitent développer la vente en ligne des produits finis, ainsi que proposer leur box hors abonnement chez des revendeurs partenaires et concepts stores.
Pour développer leur R&D, notamment sur les recettes des produits DIY, ils envisagent un partenariat avec un laboratoire de recherche.
Afin de valoriser davantage leur démarche qualité dans l’approvisionnement, une charte d’achat pourrait être formalisée.
Pour obtenir plus de moyens de développement, une levée de fonds est en cours.
Pour développer davantage leur responsabilité sociale, Pousse Pousse considère l’idée d’animations dans des écoles dans un but de sensibilisation au zéro déchet.
Dans un marché d’alternatives écologiques aux produits de la vie courante qui commence à être fortement concurrentiel et pas toujours accessible, Pousse Pousse a réussi à se démarquer en créant un concept centralisant et démocratisant les pratiques écologiques de manière ludique, avec une communication adaptée.
Pousse Pousse a su développer sa visibilité en utilisant les réseaux sociaux, canal de diffusion fondamental aujourd’hui.
Avec une volonté importante de permettre à ses abonnés de “faire du bien à la planète”, Pousse Pousse tient le pari de rendre plus accessible les produits écologiques, notamment grâce à ses kits DIY.
Nous notons tout de même deux limites au système des box, malgré ses avantages par ailleurs.
Par définition d’une box mensuelle composée de divers produits, le fonctionnement repose sur la commande des produits de manière séparée aux différents fournisseurs puis réception et réemballage avant l’envoi des box de manière individuelle aux abonnés. Ce qui en fait un système logistique complexe aux déplacements importants et provoquant malheureusement le suremballage associé.
Une deuxième limite repose sur la nécessité de proposer des nouveautés à envoyer chaque mois aux abonnés, pouvant ainsi générer une consommation superflue et créer une accumulation de produits peu utilisés dans la pratique. Sur certains produits et en fonction des abonnés, c’est donc un bénéfice environnemental moindre dans la pratique en comparaison au coût environnemental de la production, du transport et de la gestion de fin de vie du produit.
Un avantage de ce système à l’inverse est la possibilité de changer les modes de consommation des abonnés en leur faisant découvrir des produits auxquels ils ne se seraient pas intéressés sans les box.
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