FRANCE
Web : http://biomede.fr
Contact : Ludovic Vincent, co-fondateur de Biomede
Localisation : Campus de l’EM Lyon – Ecully
Secteur : Phytoextraction
Date de création : 2018
Date de rencontre : Août 2020
Maturité du projet : Startup
Pionnier et leader mondial de l’extraction par les plantes des métaux lourds dans les sols agricoles.
Après un stage ingénieur (AgroParisTech) dans une exploitation viticole, Ludovic Vincent a découvert la problématique de la contamination des sols par le cuivre, largement utilisé dans la viticulture (notamment biologique avec la “bouillie bordelaise”) à très forte doses par le passé. Il a ensuite travaillé dans 2 centres de recherche sur la phytoremédiation des sols par les micro-organismes et les plantes. En 2016, fort de connaissances techniques sur la phytoremédiation, il a souhaité monter son projet avec son associée Patricia Gifu, docteure en cancérologie. Le lancement du projet fait suite à la sollicitation d’un agriculteur contraint d’abandonner sa parcelle à cause d’un taux trop important de métaux lourds dans son sol.
Ludovic Vincent, cofondateur de Biomede [1]
La première année du projet en 2017 a été consacrée à la phase laboratoire au Génopole d’Evry, avec ensuite des premiers essais validés en chambre d’agriculture. En 2018, ils lancent leurs premiers essais sur des domaines viticoles prestigieux avec de grands crus classés, et Biomede est récompensée par de nombreux prix. La startup est labellisée par la fondation AgroParisTech. Depuis, ils ont obtenu des clients sur plus d’une vingtaine d’appellations classées en Bordelais, Bourgogne, Chablis, Champagne, Cognac, Côte du Rhône. Biomede est aussi labellisé Frenchtech seeds BPI.
Le projet a d’abord été financé en fonds propres, puis ils ont reçu 30 000€ d’aides, et on fait des emprunts leur permettant de financer 50 000€ de matériel, des tests en laboratoire et les salaires de leurs collaborateurs. La startup sera bientôt composée de 5 personnes, avec une prévision de 15 personnes à la fin de l’année 2021, soit une croissance très rapide. En ce qui concerne le chiffre d’affaire la prévision pour l’année 2021 est de 300 000 €.
L’approvisionnement durable concerne le mode d’exploitation/extraction des ressources visant leur exploitation efficace en limitant les rebuts d’exploitation et l’impact sur l’environnement pour les ressources renouvelables et non renouvelables.[2]
L’activité principale de Biomede est de remettre en l’état des sols présentant des contaminations. Mais ils souhaitent aller plus loin en recyclant les matériaux qu’ils ont extraits. projet à terme est de mettre en place un système de vente des plantes produites sur les sols qui ont par exemple absorbé du cuivre. Ce cuivre pourrait être vendu à des industriels en tant que cuivre biosourcé.
La phytoremédiation est une technologie utilisant le métabolisme des plantes pour accumuler, transformer, dégrader, concentrer, stabiliser ou volatiliser des polluants (molécules organiques et inorganiques, métaux et radioéléments) contenus dans des sols ou des eaux contaminés. [3]
Plus particulièrement, ils utilisent chez Biomede des méthodes de phytoextraction. La phytoextraction correspond à l’extraction, transport, accumulation des polluants dans les tiges et les feuilles par des plantes dites “bio-accumulatrices”. Les feuilles, ou la plante entière, sont alors récoltées par des techniques agricoles, puis traitées comme des déchets, ou des coproduits.
Les éléments traces concernés sont les métaux (cuivre, plomb, arsenic, cadmium, chrome…), le phospore, et certains radioéléments. Le but de Biomede est d’atteindre sur les sols traités des seuils inférieurs aux normes dans les boues des stations d’épuration ramenées dans les sols agricoles. Ils peuvent enlever par phytoextraction plusieurs kilos de métaux par hectare de métaux dans le sol .
4 services complémentaires et intégrés proposés par Biomede
Biomede propose tout d’abord de réaliser un diagnostic de l’état de pollution des sols. Ils utilisent pour cela un appareil qui permet de quantifier les teneurs en métaux lourds dans les sols agricoles (à l’origine, cet appareil est utilisé pour déterminer les alliages en aéronautique ou dans la prospection minière). Ils font ensuite avec ces données une cartographie du sol. Ce diagnostic est facturé environ 100€/ha, ce qui est très abordable en comparaison aux solutions existantes.
Ils proposent ensuite un mélange de graines adapté à la cartographie des sols pour les dépolluer. Pour se faire, ils ont notamment étudié l’herbier de Lyon, dans le but de travailler avec des variétés locales. Pendant une période d’environ 4-5 ans (parfois plus), des graines sont plantées sur des sols nus ou entre des cultures existantes (par exemple des pieds de vigne). Ces projets sont longs, avec un coût important (environ 1000€/ha), mais sont une des rares solutions disponibles pour dépolluer des sols agricoles.
Photo de l’identification de nouvelles plantes dans la collection du Prince Bonaparte (4,5 millions de plantes).
Pour l’instant, les clients de Biomede sont principalement des viticulteurs souhaitant dépolluer leurs sols, notamment ceux possédant de grandes superficies de vignes, de 15 à 100 ha avec une moyenne de 30 ha.
Ils cherchent aussi à créer des liens avec des acheteurs de cuivre biosourcé, pour de la cosmétique, ou comme solvants naturels de la chimie fine pour la pharmaceutique.
Biomede estime que 20 à 30% des sols européens sont contaminés. Rien qu’en France, 6 800 sites et sols pollués, ou potentiellement pollués, ont été recensés mi-2018 dans la base Basol [4].
La solution agroécologique de Biomede permettrait d’assainir ces sols, avec une possible réutilisation des métaux grâce à un système de revalorisation des plantes.
La solution de Biomede permet de redonner plus de valeur (notamment économique) aux sols agricoles touchés par des polluants.
De plus, ces solutions s’intègrent dans une démarche d’agro-écologie : c’est l’utilisation de techniques responsables et durables, représentant l’avenir et permettant également un traitement moins coûteux que les intrants chimiques.
Selon un rapport de la FAO (2018), la pollution des sols représente une menace inquiétante pour la productivité agricole, la sécurité alimentaire et la santé humaine [5]. « La pollution des sols affecte la nourriture que nous mangeons, l’eau que nous buvons, l’air que nous respirons et la santé de nos écosystèmes » a déclaré Mme Maria Helena Semedo, alors directrice générale adjointe de la FAO. « La capacité des sols à faire face à la pollution est limitée, la prévention de la pollution des sols devrait être une priorité dans le monde entier, » a-t-elle ajouté. La dépollution des sols est donc un enjeu majeur de santé publique, en plus de l’aspect économique et environnemental.
Biomede s’inscrit dans un objectif de santé des consommateurs en décontaminant des sols, utilisés pour l’agriculture et donc la consommation alimentaire. Notamment, ils proposent des solution de dépollution du cadmium, un cancérogène certain très néfaste pour l’homme même avec des seuils très bas.[6]
De plus, ils sont conscients que leurs procédés ne sont pas accessibles pour tous les agriculteurs, mais en tant que pionniers ils ont la volonté que les grandes structures qui les accompagnent en tant que clients participent à financer la dépollution des sols. Par ailleurs, ils participent tous les ans à un programme de sensibilisation du grand public à la pollution des sols, en proposant annuellement pendant les 48h de l’agriculture urbaine une centaine de diagnostics gratuits.
En outre, ils sont particulièrement heureux de permettre aux agriculteurs d’être fiers de se dire qu’ils peuvent céder à leurs enfants des terres saines. Ceci permet de déstigmatiser les agriculteurs qui sont engagés dans la qualité de leur sol et l’amélioration des pratiques.
Pour l’instant, le secteur de la phytoremédiation est en forte progression et Biomede n’a pas encore de concurrent.
Il n’y a pour l’instant pas de normes sur les taux de contamination minimum des sols, mais des labels sont à prévoir. Biomede se propose d’accompagner ce mouvement en proposant dès aujourd’hui pour des agriculteurs pionniers des solutions de régénération de leurs sols.
Pour l’instant, ils n’ont pas trop souffert de pertes d’activités liées au COVID-19, et maintiennent en partie leurs objectifs de développement :
Nous sommes conscientes que la pollution des sols est un très grand enjeu pour nos sociétés, qui n’est pour l’instant pas assez reconnu. Nous avons été ravies de rencontrer Ludovic, qui nous a vraiment éclairées sur ce sujet, et c’est un plaisir pour nous de vous en faire part.
La phytoremédiation est un beau projet, que nous estimons très prometteur.
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