Bergeries en Ville

  FRANCE

Web: https://bergeriesenville.org/

Contact: bergeriesenville92@gmail.com

Localisation: Haut de Seine (92)

Secteur : Agriculture

Date de création: association créée en Mars 2018

Date de rencontre: Juin 2020

Maturité du projet : pérenne

Eco-pâturage : une gestion des espaces verts écologique en milieu urbain

Aperçu

C’est en 1998 que Claudine Bréon créé la Ferme du Piqueur, située dans le parc de Saint Cloud. Jusqu’en 2018, cette ferme pédagogique accueillait 30 000 personnes par an. L’activité d’écopastoralisme débute en 2010 avec la ville d’Issy-les-Moulineaux. Grâce à de nombreux partenariats avec des villes, des groupes privés ou bien des institutions publiques, la Ferme du Piqueur devient un acteur précurseur de l’écopastoralisme en Ile-de-France.

Après avoir fait l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, Marie, sa fille qui a toujours participé aux activités de la ferme, reprend la ferme en 2018. La ferme déménage à Clamart, au parc Maison Blanche, et l’association Bergeries en Ville est créée.

  • Surface Totale : 6 ha en écopastoralisme, soit l’équivalent de 8,5 terrains de foot

  • Cheptel : 22 moutons, 4 chèvres (et des poules et lapins à la ferme pédagogique)

  • Villes partenaires : Sèvres, Clamart, Meudon, Issy-les-Moulineaux, Puteaux, Boulogne Billancourt et Versailles

Ensemble des terrains occupés par Bergeries en Ville en éco-pâturage

  • Economie de la fonctionnalité :

    Pour rappel, l’économie de la fonctionnalité est un concept qui “privilégie l’usage à la possession et tend à vendre des services liés aux produits plutôt que les produits eux-mêmes”. [1]

    Bergeries en Ville propose un service de tonte écologique des espaces naturels en zone urbaine. Son cheptel composé de moutons et de chèvres remplace le travail mécanique d’un jardinier et de son équipement mécanique ou chimique (tondeuse, débroussailleuse, souffleur de feuilles, désherbant …) 

    Ce service, proposé à une clientèle variée (communes, entreprises, institutions publiques …) est donc une alternative plus écologique puisqu’elle utilise moins d’énergie et émet moins de CO2 comparé aux outils qui consomment du carburant ou de l’électricité. De plus, la tonte par les animaux n’étant pas une coupe rase, elle favorise la biodiversité au sein des parcelles entretenues.

Fonctionnement du projet

Pour écouter Marie présenter le projet, tu peux regarder la vidéo tout en bas de l’article !

L’éco-pâturage, ou écopastoralisme, ou tonte éco, est un mode d’entretien écologique des espaces naturels et des territoires par le pâturage d’animaux herbivores. [2] L’éco-pâturage est très adapté au milieu urbain car il y a toujours des espaces verts qui doivent être entretenus, notamment des espaces verts accidentés, en pente, avec des arbres, difficilement accessible par les services d’espaces verts.  

Bergeries en Ville regroupe trois personnes : Marie, présidente de l’association et deux salariées, Julie et Claudine. Elles gèrent l’activité d’éco-pâturage à l’année dans 6 communes différentes. 

Chaque ville a un cheptel qui lui est consacré. Ceci est important d’un point de vue social puisque les habitants de la ville peuvent créer un lien affectif avec les animaux. 

Marie et Julie effectue un passage 2 à 3 fois par semaine sur chaque terrain pour vérifier que les animaux ont de l’eau fraîche, de la nourriture en quantité suffisante et de leur bon état de santé. Les animaux se nourrissent essentiellement des végétaux présents sur les terrains. Du foin peut être ajouté en hiver afin de leur apporter de la matière sèche si nécessaire, mais les quantités restent négligeables. L’approvisionnement en eau se fait grâce à des points d’eau présents sur les terrains. 

Le cheptel reste dehors à l’année, et des cabanes sont installées sur chaque terrain pour que les ovins puissent s’abriter. L’aménagement est réalisé dans le respect des sites dont certains sont classés.

Le cheptel de Bergeries en Ville est composé d’animaux, souvent âgés, récupérés auprès d’élevages voisins. Les animaux âgés et plus calmes sont parfaitement adaptés pour des activités avec des enfants ou bien des personnes âgées. L’association les garde jusqu’à leur mort naturelle puisqu’il n’y a aucune activité de production (lait ou viande). 

Les terrains entretenus par l’association appartiennent à des municipalités, des entreprises, des centres de recherche, des résidences, des hôpitaux …

Les moutons sur un talus en centre ville

 

La ville de Meudon a souhaité mettre en place un partenariat avec Bergeries en Ville en 2012, suite au partenariat de l’association avec Issy les Moulineaux pour entretenir des talus en éco pâturage. Les services techniques de la mairie ont d’abord cibler les sites à entretenir. Ils ont commencé par des terrains difficiles d’accès pour le débroussaillage humain. Puis ils ont élargis pour installer des terrains proches des écoles et sur la pelouse de la mairie dans un but de communication auprès des habitants et de pédagogie. 

Aujourd’hui, 9 terrains représentant 15 000 m² sont entretenus par les moutons de l’association, ce qui permet de les nourrir à l’année. 

Il y a plusieurs points forts qui ont convaincus la mairie de prendre cette prestation de service d’écopâturage: 

  • Le service revient moins cher pour un terrain accidenté ou difficile d’accès par des jardiniers et des machines.
  • Il n’y a plus de risque d’accidents de travail ou de détérioration de matériels sur des terrains accidentés, en pente et difficile d’accès.  
  • Le temps de travail économisé sur des terrains difficiles permet aux jardiniers de consacrer plus de temps à d’autres espaces. L’écopâturage permet de soulager le travail des techniciens. 
  • Il y a moins de bruits sourds dûs aux machines (tondeuse, débroussailleuse, souffleur …) 
  • Il y a un retour très positifs des habitants de Meudon qui trouvent la présence des moutons très agréables. 
  • La mairie ayant des activités trop polyvalentes pour développer sa propre ferme, la prestation de service spécialisée proposée par l’association est plus pratique. ELle permet notamment de limiter les coûts d’éventuelles formations de plusieurs membres du personnel pour s’occuper à l’année de cette activité.

 

Même si cette prestation de service a un certain coût, les compensations par les bénéfices environnementaux et sociaux suffisent largement selon la mairie. C’est pourquoi la mairie souhaiterait développer davantage le partenariat avec Bergeries en Ville, en introduisant en plus des moutons des chèvres pour entretenir les végétaux ligneux. La mairie souhaite développer également une ferme urbaine à l’échelle de la ville avec des moutons, des chèvres, des lapins et des poules sur différents sites et pourquoi pas plus tard des ruches et des potagers. 

Pour découvrir les autres projets mis en place par la mairie de Meudon pour développer l’économie circulaire au sein de la ville : cliquez ici.

Marie s’occupe des moutons plusieurs fois par semaine sur chaque terrain 

Bergeries en Ville gère la Ferme pédagogique de Clamart et développe une ferme nomade pour réaliser des ateliers dans des écoles, des centres hospitaliers … Les activités proposées pour les enfants par la ferme pédagogique sont très variées et dépendent de la période de l’année : découverte du soin des animaux, de la filière du lait, de la laine, de la transhumance estivale … 

Proposer des activités au sein des écoles de proximité permet une réduction de l’empreinte carbone et des économies pour celles-ci puisque cela évite, par exemple, la location d’un car pour aller visiter une ferme plus éloignée. 

L’association propose également des activités de team building pour les entreprises. Les ateliers manuels proposés comme du jardinage ou de la construction d’abris permettent de développer le travail en équipe de façon ludique ! 

Enfin l’association développe des micro-fermes thérapeutiques dans les Ehpads et les centres hospitaliers. Les animaux peuvent être une réelle thérapie pour des enfants handicapés ainsi que les personnes âgées. Cela peut les (ré)ouvrir au monde, les inspirer à passer du temps à l’extérieur, et crée du lien social.

Une chèvre dans le parc d’un Ehpads.

Activités découverte avec les enfants à la ferme pédagogique

approche de développement durable

L’éco-pâturage présente de nombreux bénéfices environnementaux :

  • Gestion d’espaces verts de manière écologique : la gestion des espaces verts par des animaux permet de ne plus utiliser de produits phytosanitaires. L’association mouton – chèvre est également très bénéfiques puisqu’ils ne mangent pas les mêmes plantes, et donc favorisent une tonte optimale. 
  • Incitation à respecter l’environnement : beaucoup de terrains aujourd’hui en éco-pâturage étaient initialement en friche ou non exploités, et se transformaient parfois en décharge sauvage. La présence des animaux incite à ne pas polluer car les gens font plus attention. 
  • Tonte naturelle qui favorise la qualité de l’herbe : Le fait de ne pas tondre à ras et la fertilisation naturelle apportée par les excréments permet de maintenir une qualité de l’herbe, même pendant des périodes de sécheresse. L’herbe est ainsi toujours verte, il y a une régénérescence des sols et une augmentation de la biodiversité (insectes, vers de terre…) 
  • La valorisation de matières : La laine des moutons est utilisée pour les ateliers pédagogiques proposés aux enfants. Le fumier a également une valorisation très haute. En effet, il est difficile de s’en procurer facilement en milieu urbain. Ainsi, l’éco-pâturage permet aux villes de s’approvisionner en fumier pour l’utiliser comme paillage des plantes ou dans des composteurs.
  • Un mode d’élevage éthique : les animaux sont à l’extérieur toute l’année, ont accès à une alimentation saine et de qualité et sont “utilisés” jusqu’à leur mort naturelle. D’autre part, l’éco-pâturage participe à la sauvegarde d’espèces rustiques locales. Bergeries en Ville possède des moutons noirs du Velay et d’Ouessant, des races à laine noire, qui n’est plus intéressante pour les industriels car elle ne peut pas être teinte.
  • Pour les clients : C’est une solution souvent plus économique que l’entretien par des agences d’espaces verts. 

L’éco-pâturage est un travail en synergie avec les jardiniers, puisqu’il s’agit uniquement de la tonte des espaces verts. Il ne remplace pas des emplois mais est plutôt un appui. 

  • Pour le berger :  L’élevage n’étant pas un élevage à but de production (lait ou viande), les apports nécessaires ne sont pas les mêmes et les dépenses du berger sont nettement diminuées par rapport à un élevage classique. En effet, tous les nutriments et minéraux sont naturellement présent dans l’herbe.
  • Pour les jardiniers : l’éco-pâturage permet de diminuer la pénibilité du travail des jardiniers, notamment grâce à la gestion de terrains accidentés, seulement accessible par les moutons. 
  • Pour les habitants ou employés d’entreprises : L’éco-pâturage permet de recréer des liens sociaux intergénérationnels très fort : cela motive les personnes à sortir et de se retrouver pour discuter autour d’un sujet commun. Ils manifestent même souvent le désir de s’impliquer auprès des animaux. Il y a une réelle connexion entre la ville et la nature.  Le contact avec les animaux rend les citadins plus heureux (l’association n’a jamais reçu de plaintes par rapport à la présence d’animaux sur des terrains public ou à côté de logements), et notamment les personnes âgées en maison de retraite. 
  • Des villes plus agréables : l’éco-pâturage aide à changer le climat d’une ville. Des terrains transformés en déchèterie ou plus mal famés deviennent des endroits agréables pour se promener, ce qui redonne une nouvelle image plus positive aux villes.
  • Pollution sonore : Contrairement aux tondeuses et aux souffleurs de feuilles, les animaux ne font pas de bruits sourds. La gestion des espaces vertes est donc moins gênante pour les habitants d’une ville.

Reproductibilité & perspectives d'évolution

En Ile-de-France, il existe de nombreuses entreprises ou associations qui proposent des services d’éco-pâturage :

 

L’offre a beaucoup augmenté ces dernières années du fait d’une demande croissante des villes et entreprises pour ce type de service. Par exemple, la SNCF souhaite utiliser de plus en plus l’éco-pâturage pour désherber ses voies. Ainsi, de plus en plus d’entreprises de gestion d’espaces verts proposent des services d’éco-pâturage, suite à un effet de mode mais n’ont pas les compétences adaptées pour s’occuper d’animaux. Il faut donc faire très attention lorsqu’on choisit une entreprise proposant de l’éco-pâturage et s’assurer que le bien-être des animaux est bien respecté.

L’éco-pâturage en milieu urbain est tout à fait reproductible dans n’importe quelle ville, puisqu’une ville présente toujours de nombreux espaces verts à entretenir. Cependant, il faut bien faire attention aux choix des terrains pour ne pas mettre les animaux sur de mauvais terrains, notamment des terrains pollués. 

D’autre part, il faut faire attention aux nouveaux dangers qui ne sont pas présents à la campagne ou à la montagne : les chiens et autres animaux qui pourraient attaquer les chèvres et moutons, les vols d’animaux, la suralimentation ou la mauvaise alimentation par les visiteurs (qui peut se résoudre grâce à de la pédagogie), les voitures et bouchons (surtout pendant le déplacement des animaux à pied) …

L’association souhaite créer de nouveaux partenariats avec des communes voisines et des institutions.  Elle a pour objectif également de développer des micro-fermes thérapeutiques dans des FAM et EHPAD.

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