VirgoCoop
FRANCE
Web : www.virgocoop.fr
Contact: contact@virgocoop.fr
Localisation: Cahors, Lot (46)
Secteur: Agriculture
Date de création: 2018
Date de rencontre: Juin 2020
Maturité du projet: En phase de développement
Une coopérative pour relancer la filière chanvre textile dans le Sud Ouest.
Aperçu
VirgoCoop est une société coopérative créée en 2018 par 4 associés fondateurs, basée dans le Lot (46). Elle fait suite à un projet entamé en 2015 et a pour but de soutenir activement la transition écologique de territoires français, plus précisément l’Occitanie.
Son projet prioritaire concerne le développement d’une filière chanvre textile en Occitanie. A l’origine, l’un des fondateurs était un éco-constructeur qui a voulu arrêter de s’approvisionner avec du chanvre issu de cultures géographiquement éloignées.
Le chanvre dans le bâtiment étant un marché assez difficile d’accès avec des acteurs déjà trop importants, le textile est apparu comme un débouché plus intéressant et innovant. De plus, créer une filière textile 100% locale et française est un moyen de contrer l’industrie textile qui est extrêmement polluante (la mode est responsable de 1,2 milliard de tonnes de CO2 chaque année, ADEME, 2019).
C’est petit à petit, à force de rencontres et d’échanges qu’est née la coopérative VirgoCoop. Le développement de différents projets s’accélèrent au fur et à mesure. Le choix a été fait de monter une coopérative sur les bases de l’économie sociale et solidaire où les acteurs impliqués sont parties prenantes et reçoivent un dividende. La coopérative amène une expertise et un soutien à différents projets qui apportent une valeur ajoutée locale sur les plans social, environnemental et économique.
Elle a notamment l’ambition de soutenir le développement de nouveaux débouchés commerciaux pour des activités agricoles à forte valeur écologique.
- 5t matière brute (chanvre) = 1 ha = 500 kg fil
→ coproduits aisément valorisables (graines, chènevotte)
- 1,2 milliards de t de CO2/an = pollution de l’industrie textile (ADEME, 2019)
- Ecoconception
La mise en place d’une nouvelle filière de chanvre textile en Occitanie est en quelque sorte une riposte face à l’industrie du textile qui aujourd’hui pollue énormément. Ce savoir-faire inspiré de techniques ancestrales revient à confectionner des tissus et vêtements qui ont une empreinte carbone nulle.
Fabriquer du local en concentrant sur une même région sites de production, de transformation et de distribution/utilisation, limite considérablement les transports et donc les émissions de gaz à effet de serre. De plus, le process de transformation (défibrage et filature) ne fait intervenir que des forces mécaniques, aucun composé chimique ou polluant.
Cette filière aboutira à des produits 100% naturels, de haute qualité, est une alternative aux textiles que nous consommons habituellement qui viennent de l’autre bout du monde avec une qualité moindre, et dont le coût environnemental est très élevé.
Il est important de tenir compte de l’aspect “local” nous dit Mathieu, il souligne “on ne cherche pas forcément à faire du français, on veut faire du local et limiter au maximum les transports, si on doit échanger avec le nord de l’Espagne on le fera, ça a plus de sens que de faire venir des matériaux du Nord de la France.”
- Approvisionnement durable
La filière s’implante dans le Sud Ouest et s’y assure un approvisionnement durable en chanvre : d’une part le climat y est parfaitement adapté, aussi sa culture est simple et bénéfique pour le sol, facile à insérer dans une rotation de culture, et d’autre part la filière garantit une juste rémunération des agriculteurs qui se lanceront dans sa production.
De par sa facilité de culture, le chanvre peut être bon moteur de la conversion des terres en agriculture biologique (AB), les agriculteurs pourront ainsi voir leur transition facilitée pour se tourner vers une agriculture plus durable.
- Consommation responsable
La mise en place d’une telle filière à échelle locale encourage les clients à se tourner vers des produits locaux, confectionnés chez eux, sur leur propre territoire. Cette filière 100% occitane favorise l’économie locale, crée de la richesse qui sera redistribuée localement en garantissant à tous ses acteurs une juste rémunération de leur travail. C’est une alternative aux textiles low-cost qui sensibilise les clients à l’importance de diminuer leur impact environnemental via leurs choix de consommation.
Démarche de l'économie circulaire
Actuellement, VirgoCoop se concentre essentiellement sur la filière chanvre textile à développer en Occitanie. Pour faire sauter les verrous techniques qui empêchent la production et la transformation locale de chanvre, la coopérative agit en amont et en aval de la filière : elle veut faire émerger des structures adaptées à la mise en place de cette filière. Ce renouveau d’un savoir-faire ancestrale à échelle locale a une valeur environnementale indéniable en limitant au maximum l’empreinte carbone des vêtements qui en seront issus, mais également une dimension sociale puisqu’elle se veut être équitable et rémunérer les différents acteurs à la juste valeur de leur travail.
L’un des grands freins au développement de cette filière textile locale réside dans la transformation de la paille : défibrage et filature sont des processus complexes pour le moment effectués en Europe de l’Est (Pologne notamment), en France il n’existe pas encore de structures adaptées à la filature du chanvre. De plus, pour tisser avec le chanvre il est nécessaire de sortir des fibres de haute qualité et de faire des fils très fins. L’objectif de VirgoCoop est de faire sauter les verrous techniques et freins au développement de cette filière. C’est pourquoi la coopérative soutient en ce moment le développement d’une machine à défibrer avec l’entreprise Hemp Act (spécialisée dans le chanvre depuis plus de 20 ans) et s’emploie à renforcer l’activité de tissage en investissant auprès d’ateliers de tisserands à Castres-Mazamet. Les premiers essais de la défibreuse sont prévus à l’automne 2020, les associés espèrent qu’à l’horizon 2021 elle permettra la transformation du chanvre cultivé localement en Occitanie.
En aval, VirgoCoop travaille également sur la commercialisation des textiles : le tailleur Tufferry (en Lozère) commercialise ces jeans 100% chanvre occitan et les bénéfices permettent de réinvestir dans la recherche et le développement pour permettre de remonter la filière chanvre textile.
Un partenariat existe avec des agriculteurs pour développer la culture de chanvre et mener les premières expérimentations de création de textiles (aujourd’hui 3 ha de chanvre sont cultivés pour les expérimentations). Les agriculteurs ont l’air enthousiastes par la culture du chanvre qui est une culture relativement facile, qui ne nécessite que peu d’entretien de la part du cultivateur : un nouveau débouché leur permettrait une diversification de leur production et donc une sécurité de revenu supplémentaire.
Aussi, le chanvre s’insère très bien dans la rotation des cultures et est bénéfique sur différents aspects agronomiques (par exemple une culture céréalière implantée après du chanvre voit son rendement augmentée de 5 à 10%) : c’est une culture simple qui convient parfaitement pour la conversion des terres en agricultures biologiques et pourrait même faciliter cette transition.
VirgoCoop aimerait lancer de nouvelles chanvrières en Occitanie. Par ailleurs, il existe déjà en France des bassins de production chanvriers (comme dans l’Aube ou plusieurs miliers d’hectars sont cultivés) dans d’autres régions.
Culture de chanvre
Défibreur à chanvre
Textile de chanvre
Fabrication des pantalons en chanvre
approche de développement durable
La mise en place d’une telle filière à échelle locale va permettre de limiter grandement la pollution à tous les niveaux de la chaîne de production : le chanvre est aisément cultivable en Agriculture Biologique, les transports entre lieux de production, de transformation et de commercialisation vont être considérablement réduits. De même l’utilisation d’un matériau 100% naturel pour la constitution des textiles garantit une transformation sans produits chimiques. L’empreinte carbone de tels vêtements ou tissus est quasi nulle.
De plus, la culture du chanvre en elle-même est bénéfique pour le sol : elle permet son aération en profondeur, son ameublissement, consomme peu d’eau et garantit un bon rendement des cultures suivantes. Facile à insérer dans la rotation et rentable, le chanvre est une bonne culture à mettre en place, bénéfique en tout point.
La mise en place d’une telle filière aura bien évidemment des retombées économiques positives en créant de l’emploi, en stimulant l’économie locale, mais aussi en offrant des débouchés supplémentaires aux agriculteurs. La diversification de leur activité leur garantit une sécurité de revenu. De plus, le chanvre est une culture rentable car il ne requiert que peu d’entretien, c’est donc un investissement faible qui peut néanmoins accélérer la transition en agriculture biologique qui permet une plus-value sur les produits certifiés.
Le choix d’une coopérative pour encourager tels types de projets permet de se répartir équitablement les bénéfices entre les parties prenantes (dividendes) – autrement dit les différents acteurs de la filière qui investissent dans la coopérative car ils ont un important intérêt économique à ce que la filière aboutisse – mais aussi aux citoyens qui viennent soutenir ces projets pour développer l’économie locale et accompagner le développement de leur territoire. Les citoyens deviennent acteurs de la transition de leur territoire. La filière, une fois en place, se veut être équitable et assurer une juste rémunération des agriculteurs et autres acteurs dans des conditions de travail décentes, bien différentes de celles que connaît l’industrie textile aujourd’hui.
Reproductibilité & perspectives d'évolution
Le renouveau de la filière chanvre textile comporte beaucoup d’atouts favorables à sa reproductibilité :
- le chanvre est simple à cultiver (peu d’entretien, peu d’eau, pas de désherbage)
- culture possible partout en France (plante peu exigeante au niveau du climat)
- économie de niche
- filière complémentaire avec chanvre bâtiment (coproduits identiques)
- réutilisation facile des coproduits (chènevotte, graines)
- clients prêts à payer plus cher pour des produits qui ont du sens
Cependant quelques limites persistent, à commencer par la filière qui n’est toujours pas vraiment existante, tout est à mettre en place et la création de la filière nécessite encore du développement. La transformation du chanvre pour obtenir un produit de qualité est assez technique et nécessite du matériel ainsi qu’une formation spécifique.
Le textile en chanvre n’est pas concurrentiel avec le coton, les prix ne sont pas compétitifs à ce stade. En effet, le coton constitue une économie d’échelle (càd que le coût unitaire diminue avec l’augmentation de la quantité produite) alors que le chanvre reste un marché de niche, il restera longtemps plus cher que les textiles en coton.
VirgoCoop se définit comme un “accélérateur de projets”, et bien que le renouveau de la filière chanvre soit en ce moment une priorité, ce n’est pas le seul centre d’intérêt de la coopérative : VirgoCoop apporte son soutien et son expertise sur d’autres projets. Par exemple la mise en place d’une filière PPAM (Plantes à Parfum Aromatiques et Médicinales) dans le Lot pour fabriquer des huiles essentielles, un travail a déjà commencé avec des cultivateurs et distillateurs. Dans la mesure où le houblon est assez difficile à trouver en France, un autre projet serait de développer des houblonnières pour un filière brassicole locale. Le houblon nécessitant quelques années avant de produire, la coopérative aide des petits producteurs à lever des fonds le temps que les cultures soient à même de produire.
VirgoCoop nous a beaucoup plu car la coopérative soutient des projets qui favorisent la création artisanale et locale. Elle encourage la confection de produits qui ont du sens, dynamisant ainsi le territoire sur lequel ils sont produits en faisant intervenir des acteurs locaux à tous les stades de la chaîne de production. La filière chanvre textile est devenue obsolète avec l’arrivée de l’industrie textile low-cost, c’est pourtant un savoir-faire ancestral qui permet d’obtenir des textiles de grande qualité avec un coût environnemental quasi nul.
Les petits producteurs français ont besoin de trouver de nouveaux débouchés pour leurs cultures, les artisans, que leur savoir-faire soit valorisé; le retour à des filières plus traditionnelles est un excellent moyen de valoriser agriculteurs et artisans. De plus, le client bénéficiera d’un produit de haute qualité et participera, par le biais de ces choix de consommation au développement et au dynamisme de sa région. VirgoCoop permet à ces projets d’être soutenus et de voir le jour plus rapidement, c’est une très bonne chose car bon nombre de producteurs et artisans attendent de voir leur travail enfin valorisé à juste titre.
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