Village Emmaüs Lescar-Pau : La Recyclerie-Déchetterie

  FRANCE

Web: http://www.emmaus-lescar-pau.com/

Contact: contact@emmaus-lescar-pau.org

Localisation: Pau, Pyrénées-Atlantiques (64), France

Secteur: Fin de Vie, Vente et services

Date de création: 1982

Date de rencontre: Juillet 2020

Maturité du projet: pérenne

Un village alternatif qui prône l’anticapitalisme et défend l’écologie, village autosuffisant (financièrement et en alimentation) au service de sa communauté dans le Sud-Ouest de la France.

Aperçu

  • Le mouvement Emmaüs

L’Abbé Pierre est à l’origine du mouvement international de solidarité Emmaüs, qui vise à lutter contre la pauvreté et le problème des sans-abri. Il crée la première communauté en 1949, en région parisienne, avec les premiers compagnons, qui ont ainsi bâtit des logements pour reloger de nombreuses familles et travaillé comme chiffonniers, pour transformer et réutiliser les déchets des autres. Le mouvement s’est ensuite consolidé : le mouvement français rassemble aujourd’hui 288 groupes, dont 115 communautés et de nombreuses autres structures menant des actions sociales et des programmes de réhabilitation. [1] Le statut de compagnon à Emmaüs est aujourd’hui reconnu par le Ministère du Travail.

Les valeurs d’Emmaüs sont : la solidarité , l’accueil inconditionnel, l’autonomie par l’activité, le développement durable. Les activités des communautés Emmaüs tournent donc autour de l’accueil de ceux en besoin (ce sont des structures d’accueil avant tout) et l’interaction avec le grand public. Leur engagement politique est structurant et important, à partir du moment où ils mènent une action caritative.

Plusieurs organisations Emmaüs ont été créées dans différents pays : une réunion avec toutes les organisations Emmaüs a été organisée et Emmaüs International a alors été créée en 1971 par l’abbé Pierre, rassemblant 410 organisations membres dans 41 pays différents en Afrique, en Amérique, en Asie et en Europe. [1]

L’abbé Pierre (source : France Inter) 

  • Le village Emmaüs Lescar-Pau

« C’est quand chacun de nous attend que l’autre commence qu’il ne se passe rien », Abbé Pierre

La communauté Emmaüs de Pau a été créée en 1982 et était située dans une ancienne usine textile. Après quelques mois de travaux, le premier compagnon a été accueilli et l’activité bric-à-brac s’est alors développée. En 1987, la communauté s’installe à Lescar, à son emplacement actuel et, en 1990, l’abbé Pierre inaugure un bâtiment de 27 pièces pour accueillir les compagnons et plusieurs nouveaux ateliers. En 1995, le village Emmaüs est créé : 25 maisons mobiles sont installées, un centre communautaire et une épicerie sont construits. [1]

Le village Emmaüs de Lescar-Pau est aujourd’hui la plus grande communauté Emmaüs de France avec environ 130 compagnons, 20 employés et des dizaines de bénévoles qui rejoignent la communauté pour un jour ou plus. [1]

Fresque à l’entrée du Village

  • La pauvreté en France [2]
    • Un Français sur sept est considéré comme pauvre, il vit avec moins de 987 euros par mois; 
    • 20,5 % La part des jeunes touchés par la pauvreté; 
    • 3,5 millions Le nombre de Français mal logés ou non logés; 
    • Un quart des SDF francophones travaillent. 

 

Infographie sur la pauvreté en France en 2018 (source : Insee)

  • Le village Emmaüs Lescar-Pau
    • C’est le plus grand village Emmaüs de France;
    • Le village s’étend sur 11 hectares dont 4,5 hectares dédiés à la ferme. 24 hectares supplémentaires sont la propriété de la communauté pour l’élevage et l’agriculture; [1]
    • 150 personnes y vivent à ce jour;
    • Le village est développé à partir de 18 ateliers (Bureau, Créations, Cuisine, Eco-construction, Electroménager/Luminaires, Electronique/Informatique, Ferme alternative, Ferraille/Métaux, Mécanique auto/Cycles et tondeuses/Ferronnerie, Menuiserie, Ramassage, Tri des objets/Livres, Vêtements et accessoires);
    • le village accueille, en moyenne, 1750 visiteurs quotidiens qui peuvent venir acheter de nombreux produits naturels fabriqués par les producteurs bio de la région, manger au bar/restaurant ou visiter la ferme du village; [3]
    • Fort de son succès, le village de Lescar-Pau est aujourd’hui autonome financièrement. Il a un chiffre d’affaires de 3,5 millions d’euros par an et ne perçoit aucune subvention; [3]

 

  • La Recyclerie-Déchetterie
    • 250 à 600 véhicules par jours; [3]
    • Ouvert 7 jours/7;
    • 8 personnes pour accueillir les véhicules; [3]
    • plus de 70% des affaires sont recyclées grâce aux 18 ateliers pour qu’ils retrouvent une seconde vie (meubles, vaisselles, livres, vêtements, bibelots, vélos…); [3]
    • Les objets sont vendus sous forme de brocante géante, sous des hangars de 6000 m²; [10]
    • Depuis plus d’une dizaine d’années un partenariat a été conclu entre la Communauté d’Agglomération de Pau et le Village Emmaüs Lescar Pau (et ne perçoit aucune subvention).
  • Allongement de la durée d’usage et recyclage

Les recycleries ou ressourceries sont des structures qui assurent la gestion des encombrants d’une commune. Elles collectent et réparent les encombrants, et possède un rôle important d’éducation à l’environnement. Au quotidien, les recycleries donnent priorité à la réduction, au réemploi puis au recyclage des déchets en sensibilisant son public à l’acquisition de comportements respectueux de l’environnement. [5] 

Le but de la Recyclerie est donc de récupérer, réparer et revendre des objets des habitants de la commune de Pau. Chaque jour, 250 à 600 véhicules viennent déposer des affaires, et Emmaüs parvient à recycler plus de 70% de ces dernières grâce aux 18 ateliers qui interagissent avec la Recyclerie-Déchetterie (créations, électroménager/luminaires, électronique/informatique, ferraille/métaux, menuiserie, etc). Les objets sont ensuite vendus sous forme de brocante géante, sous des hangars de 6000 m² ou réutilisés au sein du village, notamment au travers des ateliers de création et d’éco-construction.

 

  • Approvisionnement durable et consommation responsable

La boucle est bouclée entre producteur et consommateur, puisque La Recyclerie récupère des objets de la commune de Pau, les répare et les revend par la suite aux habitants de la commune de Pau.

Au-delà de la Recyclerie-Déchetterie, le village Emmaüs revend également lors de son marché des produits issus de l’agriculture équitable et biologique des magasins et fermes responsables des environs. Un atelier de ferme alternative a par ailleurs été créée pour utiliser et revendre leurs propres produits bio, que ce soit dans leur bar, leur restaurant ou leur épicerie.

Crêperie et bar du Village
Maison constuite en bouteilles recyclées
Barrière construite à partir de skis recyclés

fonctionnement du projet

Pour écouter François présenter le projet, tu peux regarder la vidéo tout en bas de l’article !

Il existe un seul village alternatif Emmaüs en France, et ce dernier subsiste depuis déjà 40 ans. Au sein de cette communauté, c’est le collectif qui prime, et ce, à tous les niveaux des activités (effectivement, on ne parle pas en terme de travail, mais d’activités).

Si les compagnons d’Emmaüs revendiquent un engagement politique fort, c’est bien leurs activités commerciales qui les fait vivre puisqu’ils ne perçoivent strictement aucune subvention de l’État. Et c’est bien cet autofinancement qui leur laisse une grande liberté. Tout le travail est effectué par les compagnons, qui viennent partager leurs compétences dans une gestion très horizontale. L’esprit Emmaüs encourage toute personne en besoin à venir et participer à la vie du Village, sans aucune obligation de rester. Beaucoup d’organisation est donc nécessaire pour en assurer un bon fonctionnement. Il y a aujourd’hui entre 130 et 140 compagnons en tout afin de perpétuer cette utopie “abbépierriste”

Le cadre réglementaire du statut de compagnon est un repère très important pour assurer une bonne réinsertion sociale et professionnelle des personnes qui viennent à Emmaüs. Ainsi, toute personne peut devenir acteur et porteur de projet au sein du Village, ce qui représente un réel choix de vie. Choix que François, notamment, a fait en 2014. Ce dernier appuie sur la polyvalence des compagnons. Si lui-même participe à plusieurs activités, telles que le tri ou la caisse, il est surtout en charge des tutorats de stage, animateur radio pour la Radio I Feel Good, qui anime le Village un samedi sur deux, et conseillé au Village. [3]

Le fait qu’Emmaüs puisse prendre des stagiaires montre bien la reconnaissance de la structure par l’État.

 

François a accepté de prendre une photo avec nous devant le restaurant du Village

La Recyclerie-Déchetterie Emmaüs est reconnue en temps qu’acteur économique local. Le Village met ainsi à disposition de toute la collectivité cet outil qui assure la gestion des encombrants de la commune de Pau, et ce, entièrement à leur charge, puisqu’ils ne reçoivent aucune aide ni subventions. L’agglomération de Pau bénéficie de ce service depuis plus d’une dizaine d’années.

Le ramassage est l’activité traditionnelle d’Emmaüs. La Recyclerie-Déchetterie permet donc de développer la structure, de revaloriser des ressources et de faire de la vente. Le Village développe ainsi ses 18 ateliers à partir de ce qu’ils recyclent, sachant que l’on y dépose un peu de tout, tels que des vêtements, de l’électroménager, des métaux, des livres, des meubles, etc. Pour ce qui est du textile, les affaires sont répertoriées en 3 catégories en fonction de leur qualité (bon marché, normale, luxe), pour être réparties dans 3 magasins différents du Bric à Brac. Les habits qui ne sont pas revendus sont transformés, notamment en guise d’isolant dans des projets de construction, ou alors sont récupérés par leur partenaire Filtex dans une dynamique de zéro déchet. Pour ce qui est des meubles, ces derniers sont destinés aux ateliers menuiserie et création pour produire des équipements, comme les poulaillers du Village, par exemple. Les meubles sont soit restaurés, pour être mis en vente, ou alors passent entre les mains des membres d’Emmaüs pour produire des objets d’une grande créativité, eux-même destinés à la vente ou réutilisés au sein du Village, comme pour les ruches, par exemple. Et c’est ainsi entre 3 500 et 4 000 clients qui viennent au Bric à Brac par jour.

Ruches sculptées à la main au Village

Entre 250 et 600 voitures viennent par jour (tous les jours de la semaine) pour une dizaine de personnes travaillant à la Recyclerie. D’après François, qui nous a fait la visite de La Recyclerie, ils reçoivent 5 camions d’environ 150m3 le matin, et 5 camions l’après-midi. Un réel circuit est constitué pour les véhicules, avec un système de stock et de bacs afin de tout répertorier et catégoriser. Les affaires récupérées sont ainsi destinées soit à la vente, soit au recyclage, soit aux bennes. Des boîtes spécialisées viennent récupérer ce pour quoi Emmaüs ne peut rien faire. Les déchets verts, les gravats, les encombrants… sont recyclés par les services de la Communauté d’Agglomération de Pau, et les partenaires du Village : Eco Mobilier, Eco Système, Valdelia… [3] En outre, tout un réseau est constitué, ce qui positionne Emmaüs en tant qu’acteur actif dans l’économie de service.

En tout, plus de 70% de ce qu’Emmaüs récupère est recyclé par leurs 18 ateliers, et plus de 95% grâce à leurs partenariats.

La clientèle et potentielle clientèle du Bric à Brac ont accès au reste du Village, qui a développé de nombreuses activités en dehors de la Recyclerie-Déchetterie. Les compagnons Emmaüs ont ainsi l’opportunité de sensibiliser les visiteurs à leurs combats politiques, écologiques et sociaux au travers de leurs autres pôles. Par exemple, le Village a créé en 2008 leur Ferme alternative, projet agricole et pédagogique ayant pour but la préservation des espèces animales et végétales locales et la promotion de l’agriculture paysanne. Cette activité de maraîchage leur permet aussi d’atteindre une certaine autonomie alimentaire tout en développant une sensibilisation écologique et politique. Ainsi, “la Ferme alternative s’inscrit pleinement dans la dynamique durable du projet utopique alliant production, bien-être, découverte et ancrage territorial dans le but d’alimenter jusqu’à 80% des denrées alimentaires utilisées par l’atelier Cuisine.” [3]

L’épicerie installée sur la place du Village vend une partie de produits provenant de la Ferme, tels que leur pain, leur miel, ou les conserves préparées par l’atelier Transformation. Le magasin vend également des produits de petits producteurs de la région afin de promouvoir le bio local. Dans cette continuité, on trouve sur cette place un bar, un restaurant, un fournil et une crêperie utilisant ces produits. 

 

Tout ceci contribue très largement à la vie du Village, que l’on peut qualifier de très riche culturellement parlant. Effectivement, depuis le tournage du film I Feel Good en 2017, le Village a aussi développé le concept de leur Radio I Feel Good, sur laquelle les compagnons animent un samedi sur deux des conférences-débats sur des thèmes qui leur tiennent à coeur, et ce, avec des invités comme Pierre Rabhi.

accueil de la Recyclerie
bacs de tri
stock de livres
stock de meubles

approche de développement durable

En venant déposer ses objets à la Recyclerie-Déchetterie du Village Emmaüs Lescar Pau, on soutient une action écologique, économique et sociale. « Notre objectif est « ZERO DECHET », de protéger l’environnement, de s’engager pour laisser une planète propre à nos enfants. Avec nous, ne jetez plus, recyclons. » [3]

Venir déposer et acheter des objets à le Recyclerie-Déchetterie s’inscrit entièrement dans une logique environmentale. En effet, il s’agit de donner une seconde vie à des objets récupérés, tout en prenant en considération que plus de 70% des affaires sont recyclées grâce aux 18 ateliers au sein du Village.

C’est donc un geste qui s’inscrit dans une démarche d’approvisionnement durable – les objets provenant d’habitants vivant à proximité du Village – et de consommation responsable.

Les prix des objets récupérés et/ou relookés étant extrêmement intéressants et compétitifs, le Bric-à-Brac est un véritable repère à bonnes affaires ! Et c’est bien cette contrepartie financière qui permet de rémunérer les compagnons du Village.

Finalement, déposer et acheter des affaires à la Recyclerie-Déchetterie représente bel et bien un réel soutien à ce projet social alternatif qu’est le Village Emmaüs. C’est soutenir le travail des compagnons et habitants du Village, tandis qu’eux, permettent aux visiteurs de s’imprégner de leur mode de vie, et de leur faire vivre une utopie.

Soutenir ce projet est aussi un moyen de partager les valeurs d’Emmaüs que sont la solidarité , l’accueil inconditionnel, l’autonomie par l’activité, et le développement durable. Ne percevant aucunes subventions, c’est grâce à leur clientèle, et plus largement, grâce à leur interaction avec le grand public, que le Village peut mener ses projets dans ses 18 ateliers et accueillir ceux en besoin.

« En donnant vos objets devenus inutiles pour vous mais nécessaires pour d’autres , vous participez à une économie solidaire, au recyclage, vous soutenez le combat du Village Emmaüs Lescar Pau contre l’exclusion, l’action d’accueil inconditionnel de la personne et de sa reconstruction par l’activité. » [3]

Reproductibilité & perspectives d'évolution

  • La reproductibilité d’une Recyclerie-Déchetterie

Au départ, selon François, “tout le monde se fichait de la récup’, mais maintenant, tout le monde veut en faire.” Le village Emmaüs se garde donc une niche et se développe à la mesure du possible pour en faire une économie marchande dans un cadre environnemental et social.

Or, il y a 4 recycleries dans l’agglomération de Pau et ce sont les habitants de cette étendue qui viennent donner à Emmaüs. Chercher à reproduire une nouvelle recyclerie dans cette région ne nous semble donc pas utile, voire réalisable, cependant, en voyant le succès de celle d’Emmaüs, il n’est pas déraisonnable d’affirmer qu’un tel projet est tout à fait reproductible ailleurs. Il existe de nombreuses recycleries à travers le territoire français : le Réseau National des Ressourceries en recense de manière non-exhaustive 51. [6] C’est un modèle qui fonctionne tout à fait grâce à leur quatre activités principales, totalement complémentaires : collecter, valoriser, revendre et sensibiliser. [5]

 

  • La reproductibilité d’un écovillage

“Un écovillage (ou éco-village, éco-lieu, éco-hameau), est une agglomération rurale, ayant une perspective d’autosuffisance reposant sur trois axes : un modèle économique alternatif, une place prépondérante accordée à l’écologie et une vie communautaire active. Un des objectifs de ce concept est de redonner une place plus équilibrée à l’homme en harmonie avec son environnement, dans un respect des écosystèmes présents”. [7] 

On observe aujourd’hui un nouvel essor en France des éco-villages, éco-lieux, ou villages alternatifs. On en compte effectivement pas moins de 40 dans l’annuaire non exhaustif de Vie alternative. [8] Cependant, la difficulté de rassembler les projets sous un même « label » vient du fait qu’aucun des écovillages ne fonctionne tout à fait de la même manière. Certains ont une vocation politique tandis que d’autres s’attachent surtout à la qualité de vie ou développent la création artistique. [7] Il est donc difficile de donner le chiffre exact de villages alternatifs fonctionnels en France en 2020. 

Il n’en est pas moins vrai que de plus en plus de personnes aspirent à revenir vers l’essentiel et vivre en communauté dans de petits villages ruraux. Si tous ne parviennent pas forcément à atteindre leur objectif initial fixé (on peut penser au cas de Auroville, ville expérimentale en Inde créée dans les années 70, qui avait pour vocation de s’affranchir de l’argent), ils réussissent cependant à créer des communautés harmonieuses et paisibles, souvent autosuffisantes en terme d’alimentation, parfois autosuffisantes en terme d’énergie, mais toutes éco-responsables et bâtis autour de l’ouverture et l’acceptation.

La problématique observée par François est la suivante : il y a beaucoup d’incertitude pour le futur, nous avons été témoin de changements sociétaux après le covid, mais en l’occurrence, pas grand-chose n’a changé au village Emmaüs. Il y a même encore plus de gens qui viennent au quotidien visiter le village, et leur donnent des affaires à la Recyclerie.

On peut ainsi constater que la population réfléchit à comment mieux consommer, et mieux vivre. La plupart de la société française a été frappée de plein fouet par la crise sanitaire, mais pas Emmaüs. Ils ont même eu à la fin du confinement 400 jusqu’à 600 voitures par jour. Tout ceci encourage une réelle réflexion sur notre économie, eux vivent de manière alternative et de plus en plus de personnes se tournent vers leur manière de faire et commencent à s’y intéresser.

Leur but n’est cependant pas d’inciter les autres communautés Emmaüs de devenir comme eux, mais simplement que des visiteurs viennent, s’imprègnent de leur mode de vie, et leur faire vivre une utopie.

On voit ici, à l’échelle d’un village, la possibilité de créer une cohérence entre convictions et mode de vie. Contrairement à ce que beaucoup pourraient croire, le village Emmaüs ne vit pas du tout reclu, en dehors du monde, bien au contraire ! Il fait partie intégrante de la vie de la région, énormément de personnes s’y rendent chaque jour, pour faire un tour dans la brocante, aller au restaurant, ou tout simplement s’y promener. Le village organise régulièrement des évènements culturels, comme des conférences-débats animés par les compagnons du village, avec des invités comme Pierre Rabhi, et accueille même annuellement un festival de musique depuis 2007. Des artistes de renommée internationale viennent y jouer, tels que Matthieu Chedid, Keziah Jones ou Chinese Man pour son édition 2014, qui  a accueilli un nombre record de festivaliers, avec près de 24 000 personnes ! [9]

Le succès indéniable de ce village nous montre bel et bien qu’il est possible de vivre de manière alignée avec de fortes convictions écologiques, économiques et sociales. Il est possible de vivre cette utopie, et comme nous l’a dit François, la faire vivre aux visiteurs, “c’est ça la richesse Emmaüs”.

Mentions légales

Copyright CirculAgronomie 2020