ReTuna

Accueil L’économie circulaire ? Notre projet L’encyclopédie Actualités Langues ReTuna, le premier centre commercial de recyclage au monde Web : ReTuna Contact : info@retuna.se Localisation : Eskilstuna, Suède Date de rencontre : 7 juin 2023 Maturité du projet : Mature Achats responsables Recyclage Réduction des déchets A Eskilstuna, en Suède, se trouve le premier centre commercial au monde à vendre des produits 100% issus du recyclage. Nous avons eu la chance de découvrir ce supermarché avant-gardiste aux côtés de Simon Glimtoft, le gestionnaire du centre, qui nous a dévoilé ses coulisses. C’est en 2015 que ReTuna a été construit, par l’initiative d’EskilsTuna, municipalité de 160 000 habitant.e.s. Cette décision fait partie d’une ambition plus large de la municipalité de réduire ses émissions de CO2 de 80% d’ici 2030. Un projet d’une telle ampleur a nécessité un investissement d’environ 7 millions d’euros, qui ont permis de mettre à disposition des citoyens d’EskilsTuna non pas seulement un centre commercial, mais aussi une déchetterie, un centre de recyclage, et un lieu de découverte et d’apprentissage du monde de la seconde-main. Penser un système attractif A la création de ReTuna s’est posée la question de l’approvisionnement en matériaux. Il a fallu faire en sorte que les habitant.e.s de la ville privilégient ReTuna pour se débarrasser de leurs déchets en rendant ce système plus pratique que les autres.  Ce fut un succès. Les terrains précédemment utilisés par les habitant.e.s pour jeter leurs déchets furent immédiatement abandonnés au profit de ReTuna. En effet, rien de plus simple : une main d’œuvre accueille les arrivant.e.s et les aide à jeter leurs déchets, avant de les trier. Environ 70 personnes travaillent à ReTuna. Chaque employé.e aident à encourager les citoyen.ne.s à venir poser leurs déchets à ReTuna en leur faisant se sentir fièr.e.s d’agir écologiquement. 13 boutiques aux offres variées ReTuna collecte tous types d’articles pour remplir les étagères des magasins. 700 tonnes d’habits sont collectées chaque année, à l’échelle de deux municipalités. Les articles qui ne peuvent pas être réutilisés en magasin sont vendus à des services de seconde-main, et 4,5% sont brûlés pour fournir de l’énergie. De même, une très grande quantité de meubles arrive chaque jour, dont du mobilier de bureau laissé par la municipalité. Beaucoup de personnes déposent leurs articles de sport (skis, club de golf, etc.) encore en très bon état, qui sans ReTuna auraient été jetés. On peut aussi retrouver des livres, du matériel électronique, et bien plus encore. En 2021, un IKEA s’est installé dans le centre. Pour l’enseigne, cette boutique est l’occasion de tester auprès des client.e.s de nouveaux articles. Les idées qui naissent à Eskilstuna sont ensuite élargies à d’autres antennes. IKEA montre ainsi l’exemple à d’autres grandes chaînes de magasins qui pourraient hésiter à se lancer dans le recyclage que c’est un investissement qui peut être rentable. Chaque boutique doit présenter un cahier des charges précis des articles qui lui sont nécessaires. Les employé.e.s trient ensuite les articles selon ce cahier des charges.  Les propriétaires des boutiques sont chargé.e.s de laver et de remettre à neuf les articles. Ce qui ne va pas en magasin est recyclé. Pour des personnes souhaitant développer leur boutique, ReTuna est le lieu idéal. En effet, tout est fait pour les que les vendeur.euse.s ne se retrouvent pas en difficulté. Les boutiques appartiennent à leurs gérant.e.s qui paient un loyer plus faible quand dans des centres commerciaux conventionnels et si une boutique n’est pas rentable, elle peut demander à rompre son contrat sans compensation financière. Transmettre le goût du recyclage En plus d’être un supermarché, ReTuna développe de nombreux projets parallèles en lien avec le recyclage. Dans ces projets, on peut notamment trouver une école pour adultes : un programme d’un an permettant d’apprendre tous les secrets du recyclage afin de pouvoir les appliquer à son mode de vie. ReTuna a aussi développé un projet d’éducation circulaire auprès des écoles maternelles : CirkuLäran. Pour éviter que les enfants n’utilisent des nouveaux matériaux pour leurs activités manuelles, le centre a décidé de mettre à disposition des écoles des matériaux recyclés. Aujourd’hui, chaque école maternelle de la municipalité participe à ce programme. Les professeur.e.s suivent des ateliers pour apprendre à utiliser les différents matériaux avant de les ramener à l’école. Il est prévu d’élargir le projet aux écoles primaires et aux lycées : 4 établissements ont déjà tenté l’expérience. « It’s not holding back, it’s but using what they already have. It’s a smarter way to live. » « Il ne s’agit pas de se restreindre, mais d’utiliser ce que l’on a déjà. C’est une façon plus intelligente de vivre. » Simon Glimtoft, gestionnaire du centre A ReTuna sont aussi organisés des ateliers et des conférences, notamment auprès d’autres municipalités ou des chef.fe.s d’entreprise pour les sensibiliser à l’économie circulaire et à la durabilité. Si d’autres centres commerciaux du même type se sont développés par la suite, ReTuna continuent à diffuser leur message en espérant inspirer de plus en plus de personnes à mettre en place un projet similaire. Enfin, ReTuna héberge de nombreux.ses artistes. Certain.e.s propriétaire de boutique proposent des ateliers comme par exemple des cours de céramique, et des évènements sont organisés pour permettre aux artistes de présenter leurs œuvres à partir de matériaux recyclés. Et après ? Aujourd’hui, un magasin en ligne est en cours de développement. Il serait sous la forme d’une vente aux enchères : les client.e.s choisiront leur prix d’achat à partir d’un bas prix fixé. Ce système permettrait aux vendeur.euse.s d’évaluer la valeur de leurs produits. ReTuna a également pour projet de se développer en créant un lieu où les adultes pourront venir travailler les matériaux et articles déposés. Ce banc est fait à partir d’accoudoirs de chaises jetées. En tant que déchets, ces accoudoirs ne valaient rien tandis que le banc a une valeur de 10 000 euros. « There is value to trash if you use your fantasy and can create something new with it. » « Les déchets ont de la valeur si l’on utilise son imagination et si l’on peut en faire quelque chose de

Brighteco

Accueil L’économie circulaire ? Notre projet L’encyclopédie Actualités Langues Brighteco Web : brighteco.se Contact :  info@brighteco.se Localisation : Suède Date de rencontre : 15 juin 2023 Maturité du projet : Mature EFC Recyclage Brighteco est une start-up suédoise fondée il y a près de 10 ans par Joel Smedberg, suite à la prise de conscience de sa consommation de ressources et de son impact sur la planète. Son envie de contribuer à créer de nouvelles manières de produire et consommer l’a mené à fonder sa propre entreprise, qui vend de la lumière en tant que service. La lumière comme service : du questionnement des besoins utilisateurs à l’installation des luminaires Vendre la lumière comme service est bien différent de la simple vente d’un luminaire à un client. Ainsi, la première question qui est posée aux client.e.s qui les contacte pour leur service est : “En avez-vous vraiment besoin ? Êtes-vous prêt.e.s à utiliser ces ressources ?”. La question pourrait paraître bien loin des objectifs de vente d’une entreprise mais selon Joel, cela permet de gagner la confiance des client.e.s et de leur prouver que l’entreprise est honnête dans sa démarche de réduction de l’empreinte carbone et matérielle des luminaires “En fait, vendre de la lumière comme service c’est vendre la fonction dont vous avez besoin à un moment donné” Si la réponse à ces questions est oui, alors la prochaine étape est d’aller sur le terrain pour visualiser la pièce et/ou la bâtiment concerné, prendre en compte les besoins des utilisateur.ice.s de ces espaces, quels seront leurs horaires, seront-iels plutôt assis ou debout, etc. Poser la question de l’usage de la lumière permet d’installer les bons luminaires, d’être plus efficace et aussi plus flexible. En effet, s’il est prévu que l’espace en question change d’usage d’ici 5 ou 10 ans, alors les équipes de Brighteco intègre cette donnée, ce qui permettra aux luminaires d’être plus modulaires. Après installation des luminaires, les équipes de Brighteco maintiennent un suivi client sur le long terme pour être sûr que les luminaires correspondent toujours aux attentes des usager.ère.s. Source image : brighteco.se Un business model circulaire La conception même des luminaires s’inscrit dans une démarche de recyclage et d’éco-conception. En effet, c’est à partir d’anciens écrans plats que les luminaires sont fabriqués. Ces écrans contiennent des métaux rares et très précieux comme l’indium, pour lesquels il n’existe que très peu de mines au monde et dont la seconde vie paraît alors essentielle. C’est le prix associé à la revalorisation de ces écrans plats en luminaire qui est à l’origine du concept de lumière en tant que service : plutôt que d’investir beaucoup dans des luminaires beaucoup plus chers mais équivalents en qualité à ceux présents sur le marché, les client.e.s paient chaque mois une petite somme pour des luminaires parfaitement adaptés à leurs besoins, modulaires dans le temps et qui auront donc une durée de vie plus longue. Pour une lumière de très bonne qualité comme dans des écoles, Joel nous explique qu’il faut compter entre 90 et 95 SEK/m²/an soit entre 7 et 8 €/m²/an, mais pour des bâtiments industriels aux besoins bien différents, le prix peut très rapidement baisser. Les luminaires de Brighteco sont donc conçus pour être le plus simple possible pour être réparables facilement par un électricien local, pouvoir échanger des pièces, passer d’un luminaire décoratif à un luminaire mural ou plafonnier, adapter la luminosité, etc. De plus, ils sont conçus pour être facilement démontables et pour ne pas enfermer le.la client.e et le laisser libre de changer de fournisseur de lumière s’iel le décide. Brighteco est suivi par un programme de recherche qui a chiffré à 97% le taux de matériaux sauvés concernant la lumière sur la vie entière d’un bureau (30-40 ans). Des municipalités engagées Les principaux clients de la start-up sont les municipalités qui sont, selon Joel, les moteurs de la transition en Suède. Ces dernières viennent souvent avec des problématiques très concrètes liées au coût de l’investissement dans des nouveaux luminaires mais également avec l’envie de répondre aux questions environnementales et d’abaisser leur empreinte matérielle. C’est pourquoi acheter de la lumière comme service répond parfaitement à leurs besoins. Pour Joel, ce qui pourrait vraiment changer la donne et les aider à se développer serait d’instaurer pour chaque municipalité un budget annuel de consommation de ressources : cela inciterait chacun.e à prendre soin des choses qui nous entourent et aurait beaucoup de sens au vu de l’épuisement des ressources naturelles. Retour à l’encyclopédie Nos autres articles sur les mêmes thèmes Fritidsbanken Mifactori Madaster Janine et CoHop Newsletter CirculAgronomie Facebook Youtube Linkedin Instagram Copyright CirculAgronomie 2020

Fritidsbanken

Accueil L’économie circulaire ? Notre projet L’encyclopédie Actualités Langues Fritidsbanken Web : fritidsbanken.se Contact :  henric@fritidsbanken.se Localisation : Suède Date de rencontre : 12 juin 2023 Maturité du projet : Mature EFC Réemploi Loisirs emprunter des équipements sportifs Fritidsbanken – “banque de loisirs” en français – est une ONG suédoise fondée il y a presque 10 ans qui promeut le développement de bibliothèques d’équipements sportifs dans toute la Suède.  Nous avons eu l’opportunité de rencontrer Henric, le responsable communication de Fritidsbanken Sverige, ainsi qu’Edvin, employé à Fritidsbank Karlstad, l’une des plus grandes bibliothèques d’équipements sportifs du pays. “Nous avons trois piliers chez Fritidsbanken : tous les objets ont été donnés, tout est gratuit et tout le monde peut emprunter” Henric, responsable de la communication à Fritidsbanken Sverige D’une simple idée à la généralisation nationale d’un concept L’histoire de Fritidsbanken, c’est Henric qui peut nous la raconter la plus authentiquement. C’est sa femme, Carina Haak, qui en a eu l’idée il y a 10 ans. Elle trouvait étrange que l’on puisse emprunter des livres dans des bibliothèques municipales mais pas d’équipements sportifs. De plus, étant la diacre de la petite commune de Forshaga, elle était régulièrement en contact avec des mères célibataires ayant des difficultés économiques et ne pouvant pas fournir à leurs enfants les équipements nécessaires à la pratique des sports d’hiver à l’école. C’est donc à l’automne 2012 que les premiers équipements ont commencé à être collectés dans la commune de Forshaga et la première Fritidsbank a officiellement ouvert en janvier 2013, avec quelque 200 objets. Dix ans plus tard, il existe 127 Fritidsbanken dans tout le pays avec pratiquement 500 000 équipements sportifs disponibles à l’utilisation. Ces Fritidsbanken locales sont gérées à 90% par des municipalités en ayant fait la demande, les 10% restants par des associations sportives, caritatives ou des ONG. Selon Henric et Edvin, au vu de la demande constamment grandissante, elles seront très probablement toutes gérées par des municipalités d’ici quelques années, ces dernières les inscrivant à l’agenda politique. “Les employé.e.s qui travaillent ici sont payé.e.s par la municipalité parce qu’il a été décidé que c’était une initiative dans laquelle de l’argent devait être mis” Edvin – employé à Fritidsbank Karlstad Toutes les municipalités et associations gérant des Fritidsbanken locales sont ainsi membre de l’ONG Fritidsbanken Sverige qui obtient des financements notamment de la Confédération Nationale des Sports en Suède, l’Association centrale suédoise pour la promotion du sport, la région du Värmland, etc. D’où proviennent les équipements ? En principe, tous les équipements que l’on peut retrouver dans toutes les Fritidsbanken de Suède correspondent à des dons de particuliers, encouragés par l’ONG à s’en séparer s’iels ne les utilisent pas. Parfois des entreprises, des associations sportives et d’autres organisations donnent également. “Si vous ne l’utilisez pas, quelqu’un d’autre le pourrait.” Henric, responsable de la communication à Fritidsbanken Sverige Les dons sont collectés directement dans les Fritidsbanken et dans certaines grandes villes comme à Karlstad, il existe des points de dépôts plus centraux dans la ville afin de permettre à toustes de pouvoir donner sans avoir à se déplacer trop loin. Une fois l’objet donné, il est presque mis immédiatement dans le système informatique s’il est en bon état et qu’il n’y a pas de problème lié à la sécurité. Pour ouvrir une nouvelle Fritidsbank, il est conseillé d’avoir au moins 1 000 équipements pour avoir une offre complète et également pour donner une sensation “wow”, comme le décrit Edvin, qui donne envie aux gens de se fournir dans de tels lieux. C’est pourquoi les établissements ancrés depuis plus longtemps donnent une partie de leurs équipements aux nouveaux établissements qui peuvent parfois avoir du mal à s’implanter. Qui peut emprunter et comment ? Comme le stipule les piliers de Fritidsbanken : tout est gratuit et tout le monde peut emprunter. Edvin explique que les nouveaux visiteur.ice.s sont toujours assez dérouté.e.s quand on leur dit qu’iels n’ont besoin ni d’une adhésion, ni d’une carte d’identité, ni d’une carte bancaire. N’importe qui peut peut venir et emprunter autant d’équipements qu’iel le désire et la seule chose qu’il faut laisser est un nom et un numéro de téléphone ou un email. De cette manière, même des jeunes enfants peuvent venir emprunter seul.e.s en laissant simplement un numéro de téléphone d’un de leurs parents. Après deux semaines d’utilisation, n’importe qui peut venir rendre l’objet, et c’est aussi simple que cela. “C’est tellement simple que c’en est presque trompeur.” Edvin – employé à Fritidsbank Karlstad “Nous faisons confiance et espérons que les personnes prendront ce qui leur plaît ici, qu’elles l’utiliseront comme il se doit et qu’elles reviendront avec ce qu’elles ont pris. Et ça fonctionne dans 99% des cas.” Henric, responsable de la communication à Fritidsbanken Sverige Selon eux, cette manière de fonctionner incite les gens à continuer de venir et cela instaure une relation de confiance mutuelle. Henric nous partage le témoignage d’un homme venu de Syrie, immigré en Suède, venu emprunter des équipements et qui était choqué de ne pas avoir à montrer sa carte d’identité. C’était très important pour lui car c’était “la première fois depuis qu’il était arrivé en Suède qu’il n’avait pas besoin de prouver son identité, on lui faisait simplement confiance”. Pourquoi utiliser Fritidsbanken ? Il y a de nombreuses raisons écologiques et économiques d’emprunter du matériel dans une Fritidsbank. L’une d’entre elles est de prolonger l’espérance de vie d’objets qui auraient été jetés sinon mais également d’empêcher la production inutile de nouveaux objets. “Beaucoup de personnes pensent que c’est pour les pauvres, pour ceux qui n’ont pas les moyens d’acheter leurs propres objets. C’est le cas si l’on pense qu’acheter ses propres objets est ce qu’il faut faire. Si vous n’utilisez un objet qu’un seul jour par an, il n’est pas très judicieux de l’acheter et de le stocker pendant 364 jours.” Henric, responsable de la communication à Fritidsbanken Sverige Edvin explique que l’objectif des Fritidsbanken n’est pas de prendre les équipements de tout le monde et de les mettre à disposition