Scale

  FRANCE

 

Web: scale.vision/fr/

Contact: sea@scale.vision

Localisation: Anglet (64)

Secteur: Fin de Vie

Date de création: Eté 2018

Date de rencontre: Juin 2020

Maturité du projet: Phase de prototypage

Conception de matériaux issus des coproduits de la mer.

Aperçu

Lors de ses études en école de design, Erik de Laurens créé un matériau à partir d’écailles de poissons. Cette idée est partie du constat que les écailles de poissons sont des déchets non valorisés présents en quantités très abondantes dans le monde entier. Ce matériau présente des propriétés très intéressantes : la partie minérale de l’écaille lui confère un caractère résistant et le collagène, un liant naturel, permet de souder le matériau sans colle.

Après avoir travaillé pour différentes entreprises autour du design et de l’étude de matériaux, Erik décide de lancer sa propre entreprise avec son cousin, Edouard de Dreuzy en 2018. 

Aujourd’hui, le projet étudiant s’est transformé en un véritable projet abouti. L’équipe est composée des deux fondateurs, de Jules Colin, ingénieur en développement de produit et d’Arnaud, technicien qui étudie les caractéristiques du matériau inventé par Erik.

Des verres en Scalite®️, matériau en écailles de poissons – Source : Scale

  • 25 000 T de sardines pêchées en France / an [1]
  • 28 000 T de truites et de saumons élevés en France / an [1]
  • 1 gros mareyeur : 2 à 3 T d’écailles de sardine jetées / semaine
  • 1 pisciculteur : > 10 T d’écailles de saumon jetées / mois
  • Recyclage

Scale a pour vocation de valoriser des coproduits de la mer qui sont peu ou pas du tout utilisés à présent. 

Alors que la tête, les arêtes, la queue et la peau sont toutes valorisées dans différentes industries, les écailles de poissons sont jetées. En effet, les écailles sont trop pauvres en collagène pour intéresser l’industrie biopharmaceutique et trop pauvre nutritivement pour intéresser les filières alimentaires humaines et animales. 

Scale a ainsi mis au point un processus pour utiliser ce déchet comme matière première pour en faire un matériau avec des propriétés très intéressantes pour le secteur de l’aménagement d’intérieur. 

  • Eco-Conception

Scale cherche a commercialiser un produit à faible impact environnemental tout au long de sa durée de vie. 

Les écailles des sardines sont issues de la pêche durable en France. La pêche durable garantit de maintenir un stock suffisant de poissons chaque année, de minimiser l’impact environnemental de la filière et assure une rémunération juste des acteurs. Grâce au développement de labels comme le label MSC (Marine Stewardship Council) et aux réglementations gouvernementales, la filière pêche française s’est organisée pour respecter les conditions d’une pêche durable. 

Elles sont collectées et transformées en poudre en Bretagne afin d’optimiser le transport vers les locaux de Scale dans le Pays Basque. 

Le processus de compression en Scalite®️ est peu énergivore, ne consomme pas d’eau et n’utilise pas de produits chimiques. 

Le matériau peut être recyclé en le transformant à nouveau en poudre et est biodégradable puisqu’il est composé à 100% d’écailles de poissons.

fonctionnement du projet

Pour écouter Jules présenter le projet, tu peux regarder la vidéo tout en bas de l’article !

Le matériau inventé par Erik de Laurens s’appelle la Scalite®️ (“scale” signifie écaille en anglais et “lite” signifie pierre en grec), c’est la pierre d’écailles. 

Il est composé intégralement d’écailles de poissons (sardine ou saumon) et est 100 % biosourcé, biodégradable et recyclable.

Voici quelques chiffres pour illustrer les filières pêche et aquaculture en France : [1]

Les gisements de sardines les plus importants en Europe se trouvent en France et en Espagne. Le Maroc est également un gros pêcheur de sardines, avec 40 fois plus de sardines pêchées qu’en France. 

Le saumon est principalement élevé en Norvège et en Écosse. 

Afin de développer une filière, aujourd’hui complètement inexistante, autour de l’écaille de poisson et pour pouvoir produire à une échelle industrielle, Scale a cherché les bassins d’approvisionnement en France. Les plus gros gisements d’écailles se situent en Bretagne avec notamment la filière de la sardine. 

Scale s’est donc tourné vers les mareyeurs bretons spécialisés en sardine. Ils ont créé un partenariat avec le mareyeur Océalliance et ont mis en place un système de collecte des écailles. Lors de la phase de rinçage de poissons, les écailles sessiles des sardines tombent naturellement dans des bacs et sont ensuite congelées.

Afin de pouvoir obtenir la Scalite®️, Scale a mis en place un processus de transformation des écailles pour obtenir une poudre. Transformer les écailles en poudre permet de rendre le produit plus stable, stockable et facilement transportable. Cette poudre est obtenue grâce à un laboratoire partenaire en Bretagne, qui leur envoie ensuite le produit semi-fini dans leurs locaux à Anglet dans les Pyrénées-Atlantiques. Scale a pour vocation de transformer les écailles en poudre eux-mêmes une fois que leurs productions seront lancées. 

La poudre est tassée dans des moules et est compressée. Après une période de séchage, on obtient de la Scalite®️. Le matériau peut être usiné grâce à des outils utilisés pour le bois comme des fraiseuses, raboteuses et dégauchisseuses.

D’autres processus de compression sont explorés en parallèle pour créer ce matériau comme l’extrusion et le laminage. Le laminage permet notamment d’obtenir un matériau plus malléable, qui peut être modelé dans des formes variées.

Des lunettes en Scalite®️ – Source : Scale

Scale est actuellement en phase de prototypage. L’équipe cherche à caractériser le matériau pour déterminer toutes ses propriétés. Des tests de procédés sont en cours, par exemple sur la coloration en utilisant des colorants alimentaires naturels, de durée de compression et de séchage, afin de mettre au point un prototype de la Scalite®️ qui soit adapté à être produit à une échelle industrielle. 

La start-up vise à débuter ses premières productions et commercialisations dans un an. 

Ce déchet valorisé est à destination de l’aménagement d’intérieur. Il peut être utilisé comme parement de mur pour décorer des boutiques, des hôtels, des restaurants. Il peut être transformé en accessoires de maison (en boite, pot …) ou bien en mobilier (lampes, chaises, table…). Les débouchées sont très larges et des entreprises sont déjà intéressées de travailler avec Scale pour développer des produits. 

La start-up a notamment eu des retours positifs auprès des professionnels et du grand public lors du ChangeNow Summit organisé à Paris en Janvier 2020. 

C’est un matériau complètement biodégradable en environ 6 semaines à air ambiant. Il ne contient pas de COV (composés organiques volatils) et n’est donc pas toxique. Il peut être recyclé en réduisant le matériau en poudre et en le compressant de nouveau. 

C’est un matériau à faible impact environnemental et issus de ressources renouvelables, sous réserve que les poissons soient issus de la pêche durable, ce qui est le cas pour les sardines en France.

La Scalite®️, un matériau en écailles de poissons durable pour l’aménagement d’intérieur

approche de développement durable

La Scalite®️ est un matériau innovant complètement ancré dans l’économie circulaire puisqu’il permet de valoriser un déchet qui était jusqu’à aujourd’hui jeté puis enfoui ou incinéré. Étant complètement biodégradable et non toxique, il ne présente aucun danger pour l’environnement. Ce matériau peut facilement être recyclé donc il ne constitue pas un nouveau déchet. 

Pour que ce matériau soit le plus durable possible, il est important de considérer l’amont de la filière : la pêche et l’aquaculture. 

La pêche durable est bien ancrée en France depuis plusieurs années : elle tend à respecter l’état des stocks des espèces de poissons pour éviter la surpêche. Un contrôle très stricte existe pour assurer ceci et de nombreux labels se développent, comme le label français Pêche Durable. Si Scale se développe à l’étranger, par exemple au Maroc, où les normes sont moins strictes, il faudra s’assurer que les mareyeurs partenaires achètent leurs poissons issues d’une pêche durable. 

L’aquaculture, et notamment l’élevage de saumon, est plus critiqué d’un point de vue durabilité. 

La pêche et l’aquaculture sont aujourd’hui des sujets encore controversés. Nous n’avons pas pour vocation dans cet article à analyser cette filière et déterminer sa durabilité mais plutôt mettre en avant le potentiel de valorisation d’un déchet non valorisé de la filière. Aussi, pour plus de renseignement sur le sujet, nous avons choisi quelques sources disponibles à la fin de l’article.

Les quantités d’écailles disponibles en France et dans le monde se comptent en milliers de tonnes. Ainsi, une fois la filière mise en place, il y aura aucune difficulté à collecter ce déchet non encore valorisé pour en faire de la Scalite®️. 

Scale achète les écailles de poissons auprès des mareyeurs ce qui leur permet d’avoir une nouvelle entrée d’argent, et d’assurer une meilleure rémunération des acteurs de l’amont de la chaîne (mareyeurs et pêcheurs). 

Une fois que la production sera lancée, des économies d’échelle pourront être effectuées pour proposer un prix convenable aux clients.

La société est toujours en phase de prototypage. Sur le long terme, développer une nouvelle filière permettra de créer de nombreux emplois tout au long du cycle de vie du produit (collecte, transport, transformation, distribution …)

Reproductibilité & perspectives d'évolution

À long terme, Scale souhaite se développer à l’internationale en développant des usines pouvant valoriser les écailles sur place afin de limiter l’impact environnemental du matériau en réduisant au maximum les transports. 

Scale estime que plus de 20 000 T d’écailles de saumon sont disponibles par an en Europe et plus de 25 000 T d’écailles de sardines sont disponibles par an en Europe et au Maroc. Ainsi, la ressource est disponible à grande échelle. La seule limite à acquérir ces écailles pour les valoriser sont la taille des acteurs locaux. Il est plus difficile de collecter les écailles auprès de petits mareyeurs car cela aurait un coût logistique trop important comparé aux quantités d’écailles disponibles.

Aujourd’hui, la volonté de Scale est d’augmenter ses capacités, en collectant plus d’écailles pour pouvoir produire en plus grandes séries. Cela permettra d’augmenter en productivité et ainsi proposer des prix raisonnables. 

Scale a la volonté de développer des matériaux à partir d’autres coproduits de la mer. Par exemple, les algues rouges, riches en collagène et qui ont des débouchés dans l’industrie biopharmaceutique.

Notre rencontre avec Scale a été très enrichissante. Nous avons été étonnées de l’absence de solutions de valorisation d’écailles de poissons en France et dans le monde. Grâce à l’invention de ce nouveau matériau, Scale va pouvoir développer toute une filière autour de ce déchet valorisable. Nous suivrons leurs avancées pendant les prochaines années et espérons que leur produit intéressera les métiers de l’aménagement d’intérieur !

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