Mifactori

Web :

https://mifactori.de/

Contact : 

hello@mifactori.de

Localisation : Berlin, Allemagne

Date of meeting : 10 mai 2023

Maturity of the projet : Intermédiaire

Un studio de design

Mifactori est un studio de design circulaire et open source basé à Berlin. Depuis plus de 10 ans, ils repensent le design de toutes les manières possibles : quels matériaux, assemblés de quelle manière, pour quelle utilisation, produits ?

Nous avons pu rencontrer Lars Zimmermann, artiste, designer et fondateur de Mifactori. 

Qu'est ce que le design circulaire ?

Le design linéaire consiste à extraire des ressources, les transformer en produits, les utiliser puis les jeter, devant ainsi extraire de nouvelles ressources pour produire de nouveaux objets à nouveau.

A l’opposé de cela, le design circulaire cherche à créer des boucles en s’appuyant sur des principes circulaires, comme les 9 R : repenser, refuser, réutiliser, restaurer, réparer, réorienter, décomposer (rot en anglais) et recycler. Le principe du design circulaire est donc de designer en pensant à ces boucles : designer quelque chose de simple à réutiliser, simple à réparer, simple à recycler à proximité de chez soi… 

Qu'est ce que le design open source ?

L’idée de l’open design est née et est devenue populaire dans les années 2000 quand Internet est devenu accessible à tous.tes. Tout d’un coup, n’importe qui pouvait créer quelque chose et le mettre à disposition du monde entier. C’était quelque chose que seules les grandes entreprises pouvaient faire auparavant. Beaucoup de personnes se sont dit qu’il serait possible de transposer ça également dans le domaine des objets matériels. L’open design consiste à soutenir la création et la réutilisation à une échelle mondiale par le biais de modèles faciles à réaliser, bien documentés et avec des licences accessibles gratuitement.

A partir de cette idée, le design open source c’est créer d’une manière à ce que des designers ou de simples consommateur.ice.s puissent participer à la conception et au design de nouveaux objets : il faut que ces objets soient simples à faire et simples à comprendre afin de pouvoir inclure tout le monde.

“Si n’importe qui peut comprendre comment réutiliser quelque chose, alors plus de personnes vont le réutiliser, et si plus de personnes comprennent comment un objet est fait, plus de personnes pourront le réparer.”

Trikka : une plateforme pour du design circulaire et open source

Aujourd’hui, la grande majorité des objets sont faits de parties à usage unique et faites sur-mesure, impliquant qu’elles ne peuvent être utilisées que dans un produit en particulier. Ainsi, si une partie casse, le produit entier est perdu et il est très difficile de le réutiliser ou de le réparer.

Sachant cela, pourquoi ne pas concevoir des produits faits de parties standardisées qui sont très simples à faire et sont surtout multi-usages, c’est-à-dire qu’une même partie d’un objet peut aussi faire partie de plusieurs objets différents. Inspirés des marques Lego et Meccano, le système Trikka est né avec toutes les parties de ce système suivant la même fille : des trous équidistants de manière à ce que les parties puissent toujours s’emboîter entre elles. La plateforme Trikka a aujourd’hui 40 produits et un catalogue de 120 parties, chacune de ces parties appartenant à au moins deux produits différents.

Source image : Mifactori

Ainsi, si vous avez une chaise appartenant au système Trikka et qu’une partie de cette chaise fait partie de trois autres produits, alors si la chaise ne vous plaît plus un jour ou si une partie se casse, alors les autres parties pourront être réutilisées pour créer des produits différents, ce qui augmente l’espérance de vie de chaque partie.

De plus, n’importe quel.le designer peut commander une partie sur la plateforme et l’utiliser pour un de ses propres designs, et à l’inverse, iel peut introduire de nouvelles parties dans le catalogue : c’est le design open source. Grâce à ce concept, le catalogue croît de plus en plus avec le temps et il peut y avoir une partie qui fait partie de trois objets une année puis deux ans après fait partie de six objets différents.

Source image : Mifactori

Quels sont les bénéfices secondaires d'un tel concept ?

Il y a beaucoup d’aspects très intéressants à ce système, et l’un des premiers, comme Lars nous l’a expliqué, est le fait qu’il n’y ait pas besoin de production centralisée et que ce système pourrait encourager l’activité d’artisan.e.s locaux.ales. Par exemple, si un.e client.e voit une chaise qu’iel aimerait avoir sur la plateforme Trikka mais ne peut pas l’acheter car il n’y a pas de zone de production à proximité, alors iel est invité à se rapprocher d’artisan.e.s locaux.ales, ces dernier.ère.s pouvant trouver une documentation complète sur comment concevoir la chaise. De cette manière, les artisan.e.s seraient ainsi introduit.e.s au concept de modularité qu’iels pourront mettre en place au sein de leurs propres créations et cela créera une boucle locale.

Un autre aspect du système Trikka est la tolérance : les designers essaient de concevoir des parties qui peuvent être faites à partir de différents types de matériaux et de tailles qui pourraient tout de même se combiner ensemble. Cela encourage ainsi l’utilisation de ressources locales, la réutilisation de résidus de matériaux qui n’ont pas nécessairement la bonne forme ni la bonne taille, mais peuvent quand même fonctionner. De plus, moins de précision dans les matériaux et la taille permet d’utiliser des outils plus simples et ainsi permet d’être plus abordable.

Enfin, l’un des bénéfices secondaires les plus importants selon nous : cela stimule la créativité. En effet, nous ne sommes pas habitué.e.s, en tant que consommateur.ice.s, à être invité.e.s à repenser ou reconstruire les objets que nous achetons pour en construire d’autres. Ainsi, commencer à regarder les objets non pas comme une pièce à part entière mais comme une multitude de parties assemblées ensemble qui peuvent être détachées et réutilisées complètement différemment permet à l’utilisateur.ice de créer et imaginer davantage dans son quotidien.

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