Localodrive

  FRANCE

Web: localodrive.com

Contact: Facebook

Localisation: Cabestany (66) – Agglomération de Perpignan

Secteur: Vente de produits alimentaires et ménagers

Date de création: 2019

Date de rencontre: Juin 2020

Maturité du projet: Mature mais non rentable

Le premier drive alimentaire et non alimentaire écoresponsable Vrac et Zéro Déchet des Pyrénées-Orientales

Aperçu

Après avoir travaillé en tant qu’assistante commerciale dans l’agro-alimentaire (en bio et en conventionnel), Camille Margotton s’est rendue compte des nombreuses aberrations de ce milieu. Elle a été choquée par les pratiques de certaines grandes entreprises, et a voulu lancer sa propre activité de vente éco responsable en accord avec ses valeurs écologiques. 

Elle a donc souhaité ouvrir son propre magasin, et a d’abord suivi la piste de la franchise d’épiceries en vrac “Day by day”, mais elle aurait dû payer 50k€ de franchise, travailler avec une centrale d’achat et s’installer dans le centre ville de Perpignan. Elle a préféré à cela un concept transversal : du commerce de proximité, « à échelle humaine« , loin des grandes zones commerciales de Perpignan, qui vend des produits bio, fournis par des producteurs locaux, vendus en vrac, et accessibles à la commande en ligne. 

Le choix du Drive a été fait car cela représentait un investissement moindre (beaucoup moins d’installations sont nécessaires comparées à un magasin), que c’était moins contraignant et plus hygiénique (Camille utilise ses propres pots qu’elles récupère puis lave dans sa laveuse professionnelle). Elle a décidé d’implanter son Drive à Cabestany – dans l’agglomération de Perpignan – car elle a conscience que le centre ville n’est pas assez dynamique et que les Perpignanais ont l’habitude d’aller faire leurs courses en voiture dans les grands centres commerciaux en périphérie. Elle a donc souhaité leur proposer une alternative plus durable aux grandes surfaces traditionnelles.

Avec 40k€ de subventions, Camille a pu acheter en fonds propre : du stock initial (14k€), développer son site internet (10k€), de la vaisselle (2k€), un frigo (2500€), une laveuse (1000€), des étagères (500€), un appareillage pour la sécurité (400€), et les loyers du drive (2000€/mois). Pour aménager son drive, Camille a favorisé la réutilisation, par exemple en récupérant des palettes pour faire son comptoir ou en récupérant des étagères destinées à êtres détruites pour le stockage de ses pots. De plus, sa devanture a été généreusement faite par son père artiste. 

Actuellement, la vente sur internet ne représente que 50% du chiffre d’affaire, l’autre moitié étant de la vente directe, car ses clients aiment autant venir au Drive pour voir les produits et choisir. Camille a donc récemment renommé l’intitulé du LocaloDrive : “épicerie et drive”, et compte ouvrir de manière plus formalisée son épicerie en Septembre 2020 avec le déménagement dans un nouveau local.

Le localodrive, le drive de Camille Margotton

  • 300-400 références
  • Une trentaine de fournisseurs
  • 100.000€ de chiffre d’affaire
  • Un panier moyen de 30€
  • Consommation Responsable

 

D’après l’ADEME, la consommation responsable doit conduire l’acheteur, qu’il soit acteur économique (privé ou public) ou citoyen consommateur, à effectuer son choix en prenant en compte les impacts environnementaux à toutes les étapes du cycle de vie du produit (biens ou service) [1]. En France, la demande au niveau du zéro déchet est grandissante. Preuve en est : l’association Réseau vrac (qui s’occupe de la vente en vrac pour les professionnels) affirme que « le poids économique du vrac a été multiplié par 12 en 6 ans ». 

C’est dans cette démarche que se positionne le Localodrive en proposant des produits locaux, biologiques, zéro déchets et en vrac. Camille sélectionne des fournisseurs responsable, et conditionne elle-même si nécessaire les produits en vrac dans des bocaux en verre réutilisables qu’elle vend consignés. Un achat chez le Localodrive, c’est donc un achat responsable, effectué par un client généralement soucieux de l’environnement et de sa santé (car le vrac, c’est tout de même moins pratique que les emballages traditionnels). Camille est aussi impliquée dans l’association Zero Waste Sud Pyrénées-Orientales.

 

fonctionnement du projet

C’est un drive où l’on trouve des aliments « nus » sans emballage plastique. Le but est de ramener son contenant vide de la maison et de le remplir à l’aide des distributeurs ou des bacs verseurs. Cela permet de réduire considérablement nos déchets pour la planète et de payer seulement ce que l’on consomme (sans le packaging). Non seulement on pollue moins mais c’est aussi un mode de consommation plus économique. Tout le monde y est gagnant.

  1. Vous sélectionnez vos produits sur le site internet : https://localodrive.com
  2. Vous sélectionnez un créneau horaire pour venir récupérer votre commande
  3. Vous payez directement sur le site internet via un paiement vert (Greenmind)
  4. Vous venez récupérer votre commande au LocaloDrive : tous vos produits sont zéro déchets, et si besoin conditionnés dans des bocaux en verre consignés
  5. Après consommation des produits, et nouvelle commande au LocaloDrive, vous venez chercher votre nouvelle commande en ramenant vos bocaux sales, que Camille lavera et réemploira pour une prochaine commande

Le LocaloDrive propose une gamme variée de produits alimentaires et ménagers. Une très grande majorité d’entre eux est bio (~90%), local (100% français, majoritairement de la région Occitanie) et zéro déchet (~90%).

Un exemple de produit local en vrac à faible coût que l’on peut acheter sur le Localodrive

Camille propose depuis peu (mai 2020) des fruits et légumes issus de la permaculture, suite à la demande à un exploitant à proximité de cultiver en permaculture pour le LocaloDrive.

A terme, Camille augmente progressivement son nombre de références afin de proposer une gamme diversifiée de produits, et souhaite notamment développer son offre en produits de beauté zéro déchet.

approche de développement durable

Un français produit en moyenne 5 tonnes de déchets par an [2], qui sont pour la plupart enfouis ou au mieux incinérés. Une solution contraignante mais efficace pour limiter ce problème, est de tendre vers le “zéro déchet”, et de banire tous types d’emballages non réutilisables. Camille s’engage dans cette démarche à proposer des produits zéro déchet, mais aussi bio et locaux, afin de diminuer l’empreinte carbone de ses produits : elle ne travaille donc qu’avec des fournisseurs français, et régionaux (Pyrénées Orientales et Aude) dans la mesure du possible.

Le retour à la consigne permet de limiter l’impact de production et de traitement des déchets, mais le coût environnemental du lavage des contenants en verre n’est pas négligeable. Toutefois, malgré une consommation d’eau accrue, le réemploi est toutefois plus bénéfique que le recyclage [3] et la démarche du LocaloDrive est tout à fait louable en ce sens. De plus, nous avons aussi remarqué qu’une perte d’emballages est inévitablement faite en amont au niveau des fournisseurs : en effet, Camille reçoit principalement ses produits en sachet papier (80%) selon sa requête, mais certains de ses fournisseurs continuent de la livrer dans des gros sacs en plastique. Par ailleurs, les palettes de transports sont inévitablement filmées. Cependant, malgré ces plastiques résiduels, le bénéfice écologique du vrac est indéniable. Camille doit toutefois aussi être particulièrement vigilante d’un point de vue sanitaire, car elle n’a pas les avantages du plastique qui protège des insectes et autres contaminations.

Par ailleurs, nous avons pu noter que Camille fait attention même aux petits détails pour limiter au maximum son empreinte carbone : par exemple, elle n’allume que très peu les néons dans son local et leur préfère la lumière naturelle, afin de diminuer son empreinte énergétique.

On pourrait penser que les produits de cette jeune initiative – surfant sur une nouvelle tendance – auraient pu être très chers, mais nous avons été étonnées car les prix sont relativement abordables. 

  • en ce qui concerne les produits, elle essaye par exemple d’être moin chère que son concurrent principal (Biocoop de Perpignan), tout en privilégiant la qualité. Ainsi, elle limite ses marges (avec par exemple 30% pour la farine, 40% pour les pâtes ; avec toutefois des marges plus élevées pour des produits de consommation moins usuelle comme 150% sur le riz de Camargue, tout en restant 40% moins chère que Biocoop sur ce produit.)
  • pour la vente des bocaux de conditionnement, Camille a fixé la consigne à 25 centimes, ce qui est admirable car c’est exactement son prix d’achat, avec donc aucune marge dessus.

Ainsi, le drive en devient un mode de consommation plus économique, car on ne paye pas pour le prix de l’emballage. Elle essaye d’avoir des prix raisonnables, avec une démarche accessible à tout le monde.

En plus de proposer un service de Drive, Camille est relativement active sur les réseaux sociaux afin que le Localodrive devienne un vrai lieu de vie. Elle partage des conseils sur le mode de vie zéro déchet, et organise régulièrement des animations à son drive avec des rencontres entre les producteurs et le grand public. Le but est donc de proposer un mode de vie alternatif aux perpignanais, tout en créant du lien sur la base de la consommation responsable.

Elle compte par exemple dès que possible organiser des visites de jardins de son producteur maraîcher, pour que ses clients soient sensibilisés à la permaculture.

Reproductibilité & perspectives d'évolution

Monter un Drive zéro déchet en France, est-ce que ça marche ?

Comme en atteste de nombreuses success story, le drive zéro déchet est en plein boom en France. Entre l’année passée et les premiers mois de 2020, on a pu observer une augmentation grandissante de l’ouverture de magasins zéro déchet. Rien que pour le mois de février, on recense pas moins de 5 ouvertures de drive zéro déchet sur le territoire français [4]. Camille estime que chaque ville pourrait avoir un drive zéro déchet, c’est pourquoi elle a souhaité en monter un dans sa ville natale, Perpignan.

Et le LocaloDrive alors ?

Avec une moyenne de 15 clients par jours, achetant un panier moyen de 30€, le Localodrive dégage un chiffre d’affaire moyen de 100.000€. Mais comme Camille limite ses marges sur ses produits et doit payer un loyer conséquent (2000€ de loyer pour 200m²), elle ne se rémunère toujours pas. Elle aimerait avoir plus de clients, mais a conscience qu’à Perpignan cela prendra plus de temps. Elle est tout de même ravie que sa clientèle grossit progressivement, grâce au bouche à oreille, et plusieurs articles dont une vidéo de France 3.

Une évolution du Drive vers un format d’épicerie

Au delà d’une diversification dans son nombre de références et de fournisseurs, Camille a prévu de déménager rapidement dans un local moins onéreux qui lui permettrait de faire plus d’investissements comme des silos à vrac pour développer le format d’épicerie dans son local. De plus, elle a de nombreuses idées originales. Par exemple, elle aimerait faire des points de retrait dans la ville en livrant par exemple à des comités d’entreprises, s’associer avec une crèche zéro déchet, ou encore proposer des lunchs box d’un restaurateur végan qui compte s’installer prochainement à Perpignan.

Cependant, malgré ces initiatives et une clientèle qui se fidélise, des risques persistent pour le Localodrive. Notamment, plusieurs concurrents au Localodrive sont en train de s’implanter dans la région, comme une boutique zéro déchet en centre ville ou le projet d’ouverture d’une épicerie coopérative zéro déchet O’Vrac.

Camille est une jeune femme chaleureuse, qui tente de créer au delà de son drive une réelle communauté autours de la consommation responsable à Perpignan. Nous avons été impressionnées par son éthique des affaires ; notamment dans sa manière de travailler avec ses fournisseurs afin de garantir des produits 100% zéro déchet produits de manière durable et localement.

Nous avons conscience que c’était le choix de s’implanter à Perpignan n’était pas des plus facile pour Camille car ce n’est pas une ville très dynamique dans ce secteur, mais elle se positionne donc en tant qu’avant-gardiste, ce qui est tout à son honneur.

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