UfaFabrik

Accueil L’économie circulaire ? Notre projet L’encyclopédie Actualités Langues UfaFabrik, quand culture et écologie cohabitent Web : UfaFabrik Contact : info@ufafabrik.de Localisation : Berlin, Allemagne Date de rencontre : 11 mai 2023 Maturité du projet : Mature Urbanisme Développement durable Ufafabrik, c’est un centre culturel et écologique au cœur de Berlin où se rencontrent tous types de personnes autour de valeurs communes : “tolérance, ouverture, créativité, diversité et développement durable”. C’est aussi 220 emplois et 35 résident.e.s permanent.e.s. On peut y trouver le Centre Culturel International, un café, des chambres d’hôtes, une école de cirque, une crèche, une école, une ferme pédagogique, une boulangerie et un magasin bio. Nous avons pu y rencontrer Werner Wiartalla, chargé des projets écologiques du lieu. UfaFabrik, plus de 40 ans d’histoire C’est en 1979 que naît UfaFabrik. Avant cette date, le lieu accueillait une usine de production de film depuis les années 20. Malheureusement, du fait de la construction du mur de Berlin, l’usine fait faillite en 1961 et le lieu est abandonné. C’est un festival qui a inspiré UfaFabrik. Organisé en 1978, il regroupait des jeunes de l’Allemagne de l’Ouest avides de rencontres et de changement. Cet évènement fut un véritable succès et permit l’émergence d’un florilège d’idées pour la création d’une société nouvelle. C’est à l’issue de ce festival qu’un groupe de jeunes désire faire durer l’expérience. A la fin des années 70, ils décidèrent d’occuper le terrain de la future ufaFabrik, alors voué à être détruit. Ils y virent l’opportunité d’inventer un mode de vie différent, basé sur des valeurs collectives et écologiques. A force de négociations, les habitant.e.s parvinrent à passer d’une occupation illégale à un contrat avec le gouvernement leur permettant de louer le terrain. Depuis, l’ufaFabrik n’a cessé de se développer pour devenir le centre culturel majeur que l’on connaît aujourd’hui. Une gouvernance horizontale Aujourd’hui, le centre existe sous la forme d’une association à but non lucratif : UfaFabrik Berlin e.V. Cette dernière s’occupe de l’électricité, l’eau, les déchets, l’entretien des bâtiments, etc. D’autres associations prennent siège au sein de l’ufa Fabrik, comme le centre de voisinage et d’entraide, NUSZ. Cette association prend en charge les aspects sociaux (école, maison pour séniors, crèche, etc.) et culturels (apprentissage d’un sport, de la musique, de la danse, etc.). A ufaFabrik, il n’existe pas de directeur.ice mais deux groupes de prise de décision. Le premier comprend les 35 résident.e.s permanent.e.s qui se retrouvent une fois par mois pour prendre les décisions. Le deuxième, plus élargi, regroupe les directeur.ice.s du centre qui se réunissent une ou deux fois par an. Pour qu’une décision soit adoptée, le vote doit être unanime. Les décisions sont prises horizontalement avec l’ensemble des membres. Un centre culturel à rayonnement international UfaFabrik, c’est un centre culturel à la renommée internationale. On peut y voir des films, des expositions, des spectacles vivants, des conférences, etc. Il fait partie d’un réseau culturel européen : Trans Europe Halles. Ce réseau permet de rassembler divers centres culturels autour de l’Europe et de favoriser l’échange entre eux. A l’image d’ufaFabrik, la majorité des centres culturels membres du réseau ont été construits à partir de zones industrielles désaffectées. Un centre culturel durable Ufafabrik, c’est une oasis de verdure au milieu de la ville. La gestion du lieu est pensée selon les principes de développement durable, et le développement culturel est couplée à celui des aspects écologiques du lieu. La gestion de l’énergie A ses débuts, ufaFabrik fonctionnait en autosuffisance énergétique. Plus tard, l’ouverture de la boulangerie et du café a fait augmenter la demande énergétique, nécessitant alors l’achat d’électricité auprès de la ville. L’électricité produite par les panneaux solaires pourrait couvrir la demande énergétique si ufaFabrik n’était qu’un lieu de vie et de culture, sans la partie restauration. Or, la boulangerie à elle seule consomme 50% de l’électricité du site. L’ensemble des panneaux solaires permet de produire 50 000 kWh d’électricité par an, soit assez pour subvenir aux besoins de 15 familles. A cette production est ajouté un système de cogénération produisant 350 000 kWh par an et servant également de chauffage. Il reste alors 120 000 kWh à acheter de l’extérieur. Toute l’énergie produite est utilisée sur place. Un système de panneaux solaires innovant L’installation de panneaux solaires a permis de réduire de moitié la demande d’énergie extérieure du lieu. Afin d’optimiser la production d’énergie, un système de rotation des panneaux en fonction du soleil a été mis en place. Ce dernier fonctionne sans moteur et sans ordinateur, 100% mécaniquement. Il permet d’optimiser la production d’énergie de 28%. Les toits et façades végétalisé.e.s UfaFabrik, c’est environ 6000 m² de toits végétalisés. Ils sont utilisés pour améliorer l’isolation thermique des bâtiments, et permettent de collecter 70% de l’eau de pluie qui s’évapore ensuite en rafraîchissant l’atmosphère. Ces toits permettent également de filtrer la poussière présente dans l’air à raison de 2 tonnes de poussière par an. On trouve également des façades végétalisées. Elles protègent des radiations, apportent de l’ombre et rafraîchissent l’intérieur des bâtiments en été. En hiver, les plantes perdent leurs feuilles et permettent ainsi aux radiations du soleil d’atteindre les murs et de réchauffer les bâtiments. La collecte de l’eau de pluie UfaFabrik détient un système pouvant contenir jusqu’à 250000 L d’eau de pluie. L’eau absorbée est acheminée vers un premier réservoir retenant les impuretés les plus grossières. Ensuite, l’eau s’écoule dans un réservoir rempli de gravier permettant d’effectuer un second filtrage. Cette eau arrive dans un second réservoir avant d’être redirigée vers  les filtres naturels au sol, où les petites particules sont filtrées en étant consommées par les micro-organismes présents dans les racines des plantes. L’eau peut ensuite être redistribuée. Ce système permet de produire 2 millions de litres d’eau non potable par an. Cette eau est utilisée pour les plantes et pour tout ce qui ne nécessite pas d’eau potable, comme les toilettes. Sensibiliser aux enjeux écologiques Pour sensibiliser les visiteur.euse.s aux aspects écologiques du lieu, ufaFabrik a l’avantage d’être un centre culturel très visité. Werner profite donc des divers évènements pour

Communa

Accueil L’économie circulaire ? Notre projet L’encyclopédie Actualités Langues Communa Web : https://communa.be/ Contact : info@communa.be Localisation : Bruxelles, Belgique Date de rencontre : 28 mars 2023 Maturité du projet : Mature Urbanisme Récup’ et réemploi Solidarité et coopération La crise du logement est bien connue en France, mais elle l’est tout autant en Belgique. Hausse des prix au m2, spéculation immobilière, … il devient de plus en plus difficile de trouver un toit, notamment dans les grandes villes telles que Bruxelles. Prendre à bras le corps ces défis, c’est ce à quoi s’emploie Communa depuis 2017, en ayant recours à un concept qui tend à se diffuser : l’occupation temporaire à finalité sociale ou OTFS. Lors de notre entretien avec Claire Massonnaud, membre de Communa et gérante d’un des lieux occupés, nous avons pu en apprendre davantage sur les forces de ce mode d’action. Au départ, un constat accablant A Bruxelles, comme dans de nombreuses autres villes, la crise de l’accueil et du logement ne fait que s’empirer : des demandeur.euse.s d’asile de plus en plus nombreux.ses, la difficulté croissante pour les sans-abri de trouver un toit et un manque criant de logements sociaux. En parallèle, les prix du logement qui augmentent, inexorablement et à une vitesse folle, attirant les tendances spéculatives de quelques un.e.s. Mais ça, c’est pour la partie visible du problème. Claire nous dévoile alors l’autre côté, invisible aux yeux de beaucoup : « Aujourd’hui, il y a 6,5 millions de m2  vide à Bruxelles en superficie, donc au sol mis bout à bout, ça représente la taille de la commune d’Ixelles, celle où on se trouve, et qui d’ailleurs est la plus grande de Bruxelles » Claire Massonaud, membre de Communa et co-gestionnaire de la Serre Trop de vide et pas assez de moyens de logement accessibles ? Le paradoxe est clair. Et cela n’impacte pas seulement les individus : « Il y a besoin criant de locaux pour faire des activités. On reçoit énormément de demandes de gens qui cherchent des lieux abordables pour faire des choses, qui ont envie de faire des activités, des ateliers, qui ont envie de transmettre » Cette crise impacte ainsi très négativement certaines dynamiques de quartier, comme la création de lieu de rencontres, ou l’organisation d’évènements, qui pourraient être vecteurs de lien social et ainsi essentiels à intégrer dans l’urbanisme de demain.   Communa et l’OTFS comme fer de lance La naissance de Communa L’histoire commence avec un groupe d’étudiant.e.s, confronté.e.s aux prix du logement beaucoup trop élevés pour le budget qu’iels avaient en poche. Face à cette réalité, iels décident de prendre le sujet à bras le corps et commencent à ouvrir des bâtiments inoccupés, en négociant auprès des propriétaires sur les conditions d’occupations, mettant ainsi à profit leurs connaissances juridico-légales du sujet. Communa se professionnalise et devient une ASBL (association sans but lucratif) en 2017.   Depuis la formation de l’association, sa structuration interne est organisée de manière horizontale, et chaque membre de Communa tient à maintenir un système de gouvernance partagée, convaincu.e que ce mode de pilotage est celui qui permettra de pérenniser le sens et l’action de l’association. « C’est beaucoup de travail, je ne vous cache pas, c’est pas toujours simple de fonctionner de manière horizontale mais ça nous permet d’être créatifs je crois, de gagner en pouvoir d’action, de se responsabiliser, de développer un vrai esprit d’équipe, en considérant d’abord ses collègues – et soi-même ! – comme des personnes et pas comme des machines à travailler. C’est comme ça qu’on arrive à garder du sens longtemps dans notre travail, et de trouver peut-être d’autres manières de travailler et de faire collectif ensemble. » Et c’est par ce fonctionnement que Communa porte sa mission : « On utilise l’occupation temporaire à finalité sociale, la ressource des bâtiments vides, et c’est là que c’est circulaire je crois, comme un outil au service des citoyens » L’objectif de cette occupation est clair :  redonner aux citoyen.ne.s leur « Droit à la Ville », en contournant l’inaccessibilité du foncier et en proposant des lieux de vie, d’épanouissement et de rencontre. Mais concrètement, comment ça marche ? Rendre le vide aux citoyen.ne.s L’objectif de Communa, c’est d’occuper le vide en toute légalité, de le restructurer, afin de créer des lieux porteurs d’innovations sociales et urbaines. Pour cela, l’occupation est encadrée par une convention établie entre un propriétaire (très souvent un propriétaire public) et Communa, portant sur un lieu vacant. Celle-ci est le résultat d’un temps de négociation, souvent conséquent, afin de définir les conditions de l’occupation, et notamment de porter au mieux la valeur sociale du lieu pour le futur, durant l’occupation mais également sur le long terme. « Il y a un peu deux méthodes : le squat, où tu ouvres la porte et après tu négocies, et Communa c’est l’inverse, d’abord on négocie, on met aux normes le bâtiment, puis les personnes peuvent occuper le lieu pour y vivre et /ou développer leurs projets en toute légalité » Pour chaque lieu que Communa choisit d’occuper, elle en devient la gestionnaire. S’ensuit ainsi une phase de remise aux normes du bâtiment et d’aménagement de celui-ci afin de le rendre propice à l’accueil de personnes, d’associations et d’activités spécifiques. Et pour cette gestion et cet entretien, Communa fonctionne majoritairement avec l’argent provenant de subsides, versés par les institutions publiques intéressées par leur activité. Les occupant.e.s des lieux doivent également contribuer en partie à la gestion de ceux-ci, car ces aménagements impliquent souvent des charges assez lourdes pour Communa. « On demande une contribution monétaire et non monétaire. Non monétaire c’est comment est-ce qu’au travers de tes compétences et de tes activités tu peux te mettre au service du lieu et de la communauté ? Ça peut être sortir les poubelles deux fois par semaines ou construire des étagères dans la Serre car il en manque. Les gens sont créatifs. Il y a une illustratrice qui a fait une affiche pour l’évènement des 5 ans par exemple. C’est important pour nous de sortir des dynamiques purement financières. […] On demande aussi une contribution monétaire qu’on fixe en discutant, sur un