Le Boentje Café, pionnier du zéro déchet Bruxellois

Web : https://www.boentjecafe.com

Contact : info@boentjecafe.be

Localisation : Bruxelles, Belgique

Date de rencontre : 3 avril 2023

Maturité du projet : Mature

Belgique

Le Boentje, c’est le premier café zéro déchet de Bruxelles, créé en 2017. C’est aussi une histoire d’amitié, et une volonté forte d’inspirer et de vivre en adéquation avec ses valeurs. C’est sur place que nous rencontrons Victoria et Sandrine, les co-gérantes et créatrices du café.

Zéro déchet, approvisionnement durable, et seconde-main, les mots d'ordre du boentje

Au Boentje, la recherche du zéro déchet est poussée à tous les stades de réflexion, de l’approvisionnement à la consommation.

L’approvisionnement durable

Les produits alimentaires proviennent de modes d’agriculture biologiques ou raisonnés, sont les plus locaux possible, et les gérantes veillent à ce que les livraisons ne soient pas suremballées :

  • Le lait provient d’un petit laitier indépendant
  • Les fruits et légumes sont en partie commandés en gros à un fournisseur en agriculture biologique ou sont les plus locaux possible, au maximum européens pour les agrumes
  • Les boissons sont fournies par un grossiste qui s’occupe de rechercher les producteur.ice.s durables et éthiques, puis de  faire la transition avec les commerces
  • Le vin est acheté à un caviste voisin, qui se fournit chez un producteur local en biodynamie
  • Les micro-pousses sont cultivées dans Bruxelles et sont livrées directement par la personne qui les fait pousser
  • Le café est torréfié à Bruxelles

Les consignes, pensées à large échelle

Pour la vente à emporter, le Boentje n’utilise pas d’emballages et fait partie d’un réseau de consignes à l’échelle de Bruxelles et de la Wallonie : L’Empoteuse. Les contenants utilisés peuvent ainsi être retournés dans d’autres établissements travaillant également sur les enjeux de durabilité et partenaires du réseau. Pour le café à emporter, le Boentje utilise Billie Cup, un réseau de consigne pour gobelets fonctionnant sur le même principe et assez développé en Belgique. Bien que ces systèmes demandent un effort supplémentaire de sensibilisation auprès de la clientèle ainsi que de nettoyage, ils représentent une solution zéro déchet innovante et évitant la multiplication contre-productive des systèmes de consigne.

Les client.e.s ont également la possibilité de venir avec leurs propres contenants en échange d’une réduction.

Les déchets alimentaires, traités localement

Les déchets alimentaires représentent une grande partie des pertes, malgré la grande créativité des gérantes pour leur donner une seconde vie, notamment avec des chips d’épluchure. Ceux qui n’ont pas pu être réinvestis sont mis en compost dans le jardin du café ou récupérés par une entreprise bruxelloise qui vient chercher les derniers restes à vélo pour les mettre en compost de son côté.

Un recours à la seconde-main favorisé

La philosophie du Boentje ne s’applique pas qu’aux aspects alimentaires. L’ensemble de la décoration du café est réalisé à partir d’articles de seconde-main, en partie chinés par une entreprise partenaire : Fais le toi-même.

Aujourd’hui, le café n’a pas atteint le 100% zéro déchet. En effet, certains déchets sont encore inévitables, notamment du fait de normes d’hygiène alimentaire.

Sensibiliser à de nouvelles manières de consommer, une des missions du boentje

« On voulait vraiment pousser le concept de la durabilité, on s’est dit qu’on ne voulait pas juste que ce soit un café durable, mais aussi un exemple, que ça montre des possibilités. »

Dans une optique de sensibilisation, des ateliers et évènements sont régulièrement organisés sur les sujets du zéro déchet, avec notamment des activités de « Do It Yourself » très diversifiées, où les client.e.s peuvent apprendre à broder, à tricoter, ou même découvrir la lactofermentation. Le but de ces séances est de faire repenser ses modes de consommation à chacun.e et de permettre aux personnes y participant de pouvoir reproduire les bons gestes chez elles.

Victoria et Sandrine proposent également des séances d’information collectives pour d’autres entrepreneur.euse.s afin de les aider à monter un projet le plus durable possible.

Le Boentje, un café connecté au monde de l'économie circulaire bruxellois

A Bruxelles, beaucoup d’accompagnements gratuits et de grande qualité existent, grâce à une politique ambitieuse de transition économique mise en place par le gouvernement au pouvoir : la Shifting Economy. Ces aides ont permis à Victoria et Sandrine de créer un business plan, de rencontrer d’autres entrepreneurs, et de créer des partenariats avant même que le Boentje n’existe :

  • Le Boentje fait partie d’un réseau Bruxellois très actif : le réseau Good Food qui rassemble les restaurants et cantines œuvrant pour l’implémentation d’une alimentation plus saine et durable, en les soutenant et en mettant en lien les acteur.ice.s, notamment par l’intermédiaire de workshops
  • Le Boentje se fournit en partie chez BeesCoop, supermarché coopératif, où il est l’un des coopérateurs. Ce partenariat permet aux coopérateur.ice.s de BeesCoop d’avoir accès à des réductions au Boentje
  • Le Boentje est également un point relais pour de nombreuses initiatives. Il est un des points dépôt d’Usitoo (bibliothèque d’objets), de Dropiz (service de couches lavables) et de Bioceno qui distribue des paniers de fruits et légumes bio
  • Le Boentje est partenaire avec Monkey Donkey, une entreprise qui met à disposition des commerces des vélo cargos que les particuliers peuvent venir louer
  • Le Boentje est un point de collecte de dons pour la plateforme citoyenne de soutiens aux réfugiés

En plus d’être un café, le Boentje est un lieu de rencontre pour d’autres initiatives durables de la région de Bruxelles.

Et après ?

Aujourd’hui, une vingtaine de personnes s’investissent à temps partiel dans le café, et ce dernier connaît un franc succès. Cependant, Victoria et Sandrine ne souhaitent pas s’agrandir.

« Ouvrir un autre établissement, ce serait plus simple parce qu’on a déjà tous les process qui sont en place. Mais ce qui nous a beaucoup animées, c’est trouver toutes ces idées, réussir à mettre le projet en place.

L’aspect de transmettre ce savoir et de le diffuser, d’encourager d’autres entrepreneurs, ça c’est une autre dimension de rayonnement du Boentje qui est hyper intéressante pour nous, et c’est plus là-dedans qu’on a envie de se développer. »

Cette envie de sensibiliser et de transmettre est d’autant plus forte que Victoria et Sandrine ont pu observer les mentalités évoluer depuis l’ouverture du Boentje. En 5 ans, les pratiques zéro déchet ont commencé à se diffuser au niveau de la région de Bruxelles, et elles souhaitent être actrices de ce changement.

Vers la généralisation du zéro déchet ?

Si le modèle zéro déchet se développe de plus en plus, il reste difficile à appliquer à plus large échelle, par exemple dans la grande distribution, à cause de normes d’hygiène plus poussées. Cependant, pour Sandrine et Victoria, il serait un bon début de mettre en place des politiques publiques imposant et uniformisant l’utilisation de consignes à l’échelle d’un pays, voir même de l’Europe.

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